LITURGIE
du DIMANCHE
commentaire sur la Parole
La
bonne terre Lectures bibliques Is
55,10-11 |
Le
thème de ce 15e dimanche du Temps ordinaire, c’est la parole de Dieu.
Une Parole efficace et féconde (cf. première lecture) mais qui a besoin,
en même temps, d’une terre où produire son fruit (cf. Évangile).
Le récit de la première lecture est la conclusion du Livre de la consolation
d’Isaïe. Nous pouvons fixer le contenu de ce livre entre 553 av. J.-C.,
année où Cyrus, roi de Perse, accomplit ses campagnes victorieuses,
et 539 apr. J.-C., date de la capitulation de Babylone. Le peuple d’Israël
est donc en exil. Même s’il est tragique, cet aspect a des volets positifs
: on ne rencontre plus Dieu dans le Temple mais dans sa Parole. Et la
deuxième partie du livre d’Isaïe nous offre une théologie profonde de
la parole de Dieu. La Parole est d’abord incarnée dans l’histoire :
elle crée (cf. Is 40), interprète (cf. Is 48, interpelle (cf. Is 44,22),
transforme (cf. Is 40,7-8), est efficace (cf. Is 55,11) et elle est
différente de celle de l’homme (cf. Is 55,8). C’est une Parole qui promet
un nouveau retour et qui ouvre un chemin de salut. Mais sous le choc
de l’esclavage, des doutes surgissent dans le peuple de Dieu : ces oracles
magnifiques, ces promesses extraordinaires ne sont-ils pas des utopies?
Isaïe répond que le salut n’est ni automatique ni magique. Dieu vient,
mais il faut aussi abandonner nos fausses routes. Par conséquent, il
faut chercher le Seigneur (cf. Is 55,6s). Mais ça ne suffit pas, il
faut également faire confiance à la parole du Seigneur, comparée à la
pluie qui semble disparaître dans la terre mais qui, en réalité, la
féconde en donnant la semence au semeur et le pain à celui qui a faim.
Un dernier aspect. La parole de Dieu ne vient pas du prophète et encore
moins d’un homme mais de Dieu. Son efficacité est donc dans les mains
de Dieu et pas dans les prévisions et dans les attentes de l’homme.
Il faut accueillir cette efficacité, mais avant, il faut reconnaître
qu’elle est vivante et agissante dans l’histoire. Donc, avec Dieu, on
ne peut ni projeter ni prétendre, mais attendre et collaborer.
Le récit évangélique de la parole de Dieu d’aujourd’hui insiste sur
l’efficacité de la parole de Dieu et sur la nécessité de savoir l’accueillir.
Matthieu compare la Parole à des grains, et comme nous le savons, la
semence a ses temps de croissance jusqu’au fruit mûr. La Parole est
efficace et elle germe dans les sillons de l’histoire, silencieusement.
Contrairement à la parole de l’homme qui projette d’abord, définit les
temps, les moments et les modalités d’opération. Mais allons au texte
évangélique. Nous pouvons diviser le texte de Matthieu en trois moments
: v. 3-9, la parabole du semeur; v. 10-17, le but des paraboles; v.
18-23, l’explication de la parabole du semeur.
Les disciples interrogent le Maître sur le sens de son discours en paraboles.
Voilà le point! Quel est le but du langage parabolique de Jésus? Si
nous lisons les différentes paraboles, nous remarquons une donnée :
toutes nous invitent à un effort de compréhension de la réalité et du
message évangélique du Royaume de Dieu. Les paraboles sollicitent donc
l’intelligence pour comprendre le Royaume de Dieu, comme nous disions,
mais Jésus aussi, son mystère de passion et de glorification. Jésus
exhorte souvent ses disciples à comprendre et il leur reproche souvent
leur dureté de cœur (cf. Mt 15,16). En Matthieu 13,9, Jésus affirme
: celui qui a des oreilles, qu’il écoute, c.-à-d. entende, comprenne
bien. L’acte de foi n’est donc pas seulement un abandon confiant, presqu’aveugle
et sans questionnement; il implique aussi la recherche rationnelle.
Augustin affirmait : « Quiconque croit, pense, et en pensant, il croit.
Si elle n’est pas pensée, la foi n’est rien » (De praedestinatione sanctorum,
2,5).
Quand Jésus explique la parabole du semeur aux disciples, il opère un
changement important : il déplace l’attention de Dieu (comme il était
dans l’image du semeur) vers l’homme (aux différents terrains qui accueillent
la semence). Nous pouvons aussi dire que de la foi, il passe à l’engagement
moral. Attention, cependant! Ces deux moments ne sont pas opposés. Ils
sont distincts, oui, mais pas divergents. Lorsque le disciple de l’Évangile
se met à l’écoute de la parole de Dieu, il en est éclairé. Puis, en
vertu de cette lumière, il peut avancer dans la vie en agissant et en
annonçant le Royaume de Dieu. Mais le disciple sait très bien que l’écoute
de la parole de Dieu n’est pas simple. Le malin peut détourner le cœur
humain et le rendre stérile. Non seulement. Les différentes épreuves
de la vie peuvent être un obstacle sérieux à ce que la Parole puisse
s’enraciner en profondeur. Les préoccupations et surtout les richesses
étouffent le développement de la Parole. Mais il y a une bonne terre
où il y a toujours quelqu’un qui écoute et vit en portant du fruit à
raison de trente, ou soixante, ou cent pour un. C’est le souhait de
Jésus.
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