LITURGIE
du DIMANCHE
commentaire sur la Parole
Les
paraboles du Royaume
Lectures bibliques Sg
12,13.16-19 |
Le discours parabolique de Jésus sur le Royaume de Dieu continue ce dimanche-ci. Nous avons d’abord la parabole du bon grain et de l’ivraie (cf. Mt 13,24-30), puis, celle de la graine de moutarde (cf. Mt 13,31-32), ensuite, celle du levain (cf. Mt 13,33). Le grain et l’ivraie
La fameuse parabole de l’ivraie est propre à Matthieu. Il est intéressant
de rappeler que le terme «ivraie» est d’origine sémitique et qu’il dérive
du verbe qui signifie «se prostituer». L’ivraie est une graine bâtarde.
Comme nous le savons, à son stade initial, elle ressemble beaucoup au
blé; par conséquent, ce n’est qu’avec sa croissance qu’on parvient à
la distinguer. Mais à ce point-là, il est impossible de la déraciner
parce que ses racines sont entrelacées avec celles du blé. Il faut donc
attendre patiemment le battage; c’est ce que le patron du champ note
avec sagesse. Quelle est la signification de cette parabole? Elle est
multiple. En premier lieu, la communauté de Matthieu est appelée en
cause. Dans sa communauté, il y avait une tension entre ceux qui désiraient
une Église pure et ceux qui, au contraire, sous le choc des persécutions,
reniaient la foi embrassée. Pour les premiers, ceux qui manquaient,
devaient être expulsés. Matthieu, qui connaît bien la pensée du Maître,
affirme d’abord une vérité incontestable : la communauté chrétienne
sera, jusqu’à la fin, composée de bon grain et d’ivraie c.-à-d. de chrétiens
cohérents et de pécheurs. Paradoxalement, il faut laisser croître ces
deux réalités; c’est à Dieu qu’il revient de déraciner le mal et de
faire croître de plus en plus le bien. En un mot, le jugement appartient
à Dieu. Mais, comme l’expérience nous l’enseigne, le bon grain et l’ivraie
sont présents dans le cœur de chaque personne. Parfois, c’est une constatation
douloureuse qui nous laisse presque incrédules. Quoi faire? Il ne faut
pas tomber dans l’erreur du perfectionnisme en essayant d’enlever tout
le mal qui vit en nous. D‘autre part, nous ne pouvons pas non plus laisser
trop croître l’ivraie. Mais alors? Nous devons apprendre à abandonner
avec confiance le terrain de notre cœur au Seigneur. Lui seul, qui nous
connaît profondément, sait guérir chacune de nos blessures.
Jésus affirme que la graine de moutarde est la plus petite de toutes
les semences. En réalité, la plus petite, c’est la graine de cyprès;
mais, la petitesse de la graine de moutarde est désormais proverbiale
(cf. Mt 17,20). La parabole insiste sur le contraste : une très petite
graine, un arbre gigantesque. Sur ce très grand arbre, il est naturel
que plusieurs oiseaux fassent leurs nids. Mais cette image, fréquente
dans l’A. T., décrit habituellement un grand royaume (cf. Is 10,33-11,1).
Que signifie tout cela? La semence, c’est la prédication de Jésus; une
prédication qui a suscité de l’enthousiasme mais qui commence maintenant
à décevoir. Les promesses de Jésus ne semblent pas s’être réalisées.
Le mal domine encore le monde, la mort récolte ses victimes, et des
tyrans se relaient pour humilier les gens. Matthieu invite les croyants
à ne pas faiblir dans la foi en Jésus, à croire dans la puissance de
sa résurrection qui est déjà en train de faire lever le monde. Les signes
modestes qui agissent déjà dans l’histoire sont un prélude à l’œuvre
accomplie, à l’instauration du Royaume de Dieu.
La troisième parabole, très brève, nous parle du levain enfoui dans
trois mesures de farine. Dans cette image, saint Augustin voyait l’amour
qui envahit toute notre personne. Les trois mesures de farine seraient
trois domaines anthropologiques : la pensée, le sentiment et le désir
qui font partie de la raison, des sens et du corps. S’ils accueillent
le bon grain évangélique, alors, nous devenons un pain odorant pour
nos frères. L’image de la femme qui mélange la farine pour en faire
du pain est assez fréquente dans l’A. T. Pensons, par exemple, à Sara
(cf. Gn 18,6) ou à la veuve de Sarepta (cf. 1 R 17,9-15). Matthieu reprend
cette image et il l’innove. D’abord, parce qu’il compare le Royaume
au travail d’une femme. Comme nous le savons, les femmes étaient peu
considérées dans la culture sémitique. Mais il y a aussi un deuxième
aspect, le Royaume est comparé à l’un des travaux domestiques les plus
ordinaires. Et c’est vraiment comme cela en réalité. Nous voyons comment
dans l’histoire, des personnes humbles, vivant dans des situations ordinaires
construisent l’humanité nouvelle, signe éloquent de l’avènement du Royaume Les idées offertes par l’Évangile d’aujourd’hui et par les autres lectures sont multiples. En premier lieu : •
pas d’anxiétés apocalyptiques ou d’intégrismes qui puissent dégénérer
en violence.
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