LITURGIE du DIMANCHE
commentaire sur la Parole

« Veillez! »
1er dimanche de l’Avent B
30 novembre 2014

Lectures bibliques

Is 63,16b-17.19b; 64,2-7
Psaume 79


Dieu, berger d’Israël, réveille ta vaillance
et viens nous sauver
!

1 Co 1,3-9
Mc 13,33-37

 

 

 

Accueillons sa bienveillance,

Veillez et espérez
(cliquez sur l'image pour le diapo)

Pour approfondir le thème de la bienveillance, 

Lytta Basset (philosophe, théologienne et auteure de
Oser la bienveillance
, Albin Michel, 2014)
décrit la généalogie et l’impact de cette notion profondément nocive qui remonte à saint Augustin, et qui contredit les premiers Pères de l’Église. Elle montre comment ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Évangile. Les gestes et paroles de Jésus nous appellent plutôt à développer un regard fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ, et le resterons toujours : une Bienveillance originelle. Une bienveillance envers soi et envers autrui, qui fait passer de la culpabilité à la responsabilité.

 

Le temps de l’Avent, marqué par l’attente du Seigneur, commence ce dimanche-ci. La communauté chrétienne n’a donc pas rien devant elle mais une espérance sûre, comme Paul le dirait (cf. 2 Tm 1,12) ainsi qu’un avenir chargé d’une promesse : « Oui, je viens bientôt » (Ap 22,20).Mais que signifie «attendre»? Selon l’étymologie latine, ce verbe indique une «tension vers», «une attention portée à», par conséquent, l’attente n’est certainement pas passivité, inertie, fermeture dans le présent; elle est une action dynamique ainsi qu’une ouverture sur le demain de Dieu.

Cependant, l’attente est aussi inhérente à l’humain, anthropologiquement, l’homme est une attente. Cela le porte à se reconnaître et surtout à s’accueillir comme un être inachevé qui tend vers une plénitude. Certes, l’accomplissement demande la patience, véritable art de vivre la fragmentation de l’aujourd’hui, sans désespérer. Il exige aussi une charité sincère, pour se soutenir et se supporter soi-même ainsi que le prochain dans l’alternance des vicissitudes de la vie. Il exige également une discipline du désir pour ne pas tomber dans l’idolâtrie moderne du tout et tout de suite.

À côté du commentaire aux lectures des quatre dimanches qui vont suivre, nous essaierons de souligner aussi un thème christologique inhérent au temps liturgique.

Le silence de Dieu

La première lecture est tirée du livre d’Isaïe (56-66). Le prophète fait monter vers Dieu une supplication à cause du péché du peuple. Dieu a opéré des merveilles dans l’histoire d’Israël; malgré cela, il n’a pas été reconnu. Alors, il s’est retiré dans le silence, un silence que le prophète sent comme un poids insupportable et, pour le peuple, un châtiment. Mais le silence divin n’est pas celui d’une personne méprisée ou rancunière. Le prophète nous fait comprendre que le silence de Dieu est pédagogique. Oui, il se tait, mais c’est pour ramener à Lui Israël. Il y a plus : le prophète nourrit une grande espérance quand il affirme que Dieu reviendra (v. 1), déchirera le ciel et descendra (v. 19), révélera son visage de père et de rédempteur (v. 7; v. 16), et qu’il ira à la rencontre de ceux qui se souviennent de ses voies (v. 4). Si Dieu revient, le peuple aussi va vers Lui. Comment? En pratiquant la justice (v. 4), en reconnaissant son péché (v. 4-5) et en s’abandonnant à Lui – image merveilleuse – comme l’argile dans la main du potier (v. 7).

Les visites de Dieu

L’apôtre Paul ouvre la lettre aux Corinthiens avec une hymne de louange car Dieu visite continuellement la communauté chrétienne en donnant des charismes. Si Dieu en est l’auteur, Paul montre aux Corinthiens la fonction de ces dons : garder vivante et fervente l’attente de la révélation de Jésus. Le dernier avènement du Seigneur apportera le don par excellence – la communion au Père, pleine et définitive. Ce que Paul nous rappelle nous aide à vivre l’Avent non seulement comme une préparation à Noël (venue historique de Jésus) mais en vue de sa Parousie à la fin des temps. Si nous rappelons liturgiquement sa naissance historique le 25 décembre, c’est parce que cet événement est le gage de sa manifestation eschatologique. Donc, il est venu, il vient et il viendra.

Le “quand” du retour

Le récit évangélique que la liturgie du jour nous présente fait partie d’un long discours eschatologique de Jésus (c’est le plus long en Marc). L’Évangéliste veut montrer à ses lecteurs quelles sont les répercussions de la vie du Christ sur leur existence et sur leur temps ainsi que ce qu’ils doivent attendre et espérer pour le futur. Jésus tient ce discours sur le mont des Oliviers. À propos, l’historien Joseph Flavius soutenait que c’est justement à partir de ce mont que le Messie inaugurerait la libération de la ville sainte de la domination romaine. Pour Ézéchiel, au contraire, le mont des Oliviers était le lieu où Dieu s’était retiré après avoir abandonné Jérusalem, à cause de sa corruption. Le récit est plein d’impératifs mais il y en a deux qui s’imposent particulièrement à notre attention : prenez garde et veillez. Le premier indique l’attitude de quiconque est éveillé tandis que le deuxième indique l’effort de quiconque garde les yeux bien ouverts sur la réalité. En un mot, le Seigneur exhorte à vivre consciemment le présent en regardant en face la réalité avec tous ses problèmes mais aussi avec la surprise de toutes les grâces. Et cela, non seulement pour vivre en personnes sages, et sagement, mais pour savoir accueillir les signes de sa proximité. La vigilance chrétienne n’aliène donc pas l’histoire; au contraire, l’histoire est le terrain de l’avènement de Dieu qui fait irruption en elle, la féconde et la dilate sur l’éternité. Que le disciple en ignore les temps et les moments signifie qu’il doit veiller constamment, responsable en même temps qu’actif.

Jésus Christ, le Venant

Dans l’Évangile, Jésus est présenté comme le Venant (celui qui vient). Ce titre évoque plusieurs textes vétérotestamentaires qui parlent de l’avènement de Dieu. Zacharie décrit la venue du roi messianique comme suit : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, petit d’une ânesse » (Za 9,9). Pour Habaquq, selon la version des Septante, il y a Quelqu’un que le prophète même doit attendre (Ha 2,3). Semblablement pour Daniel (7,13-14) et en particulier pour Malachie (3,1) : « Voici que je vais envoyer mon messager, pour qu’il déblaie un chemin devant ma face. Et soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez; et l’Ange de l’alliance que vous désirez, le voici qui vient, déclare le Seigneur des armées ». Pour Jésus, cette prophétie s’est accomplie en Jean Baptiste (cf. Mt 11,10).Mais c’est surtout le quatrième Évangile qui nous parle du Christ comme étant le Venant. Au début, le Baptiste le voit venir vers lui et il dit : « voici l’Agneau de Dieu! » (cf. Jn 1,29). À Pâque, sa venue est de fondation (cf. Jn 20,19) en tant qu’il pose les fondations de l’Église (Esprit Saint et mission), ensuite, elle est habituelle (cf. Jn 20,26), et finalement, paradigmatique dans l’Eucharistie (cf. Jn 21,13). De plus, avec sa venue, Jésus donne à tout homme la possibilité de devenir fils de Dieu (cf. Jn 1,12). Lorsque cette humanité sera achevée, elle entrera dans la plénitude de la vie divine, c’est-à-dire dans la création nouvelle (cf. Jn 20,17).

Alexandre C. osb


Ta bienveillance Seigneur.....


 

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