Où l’attente rencontre l’Avent

1er décembre 2013 - 1er Dimanche de l'AVENT "A"

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Lectures bibliques

Is 2,1-5
Psaume 121


Allons dans la joie à la rencontre du Seigneur !

Rm 113,11-14a
Mt 24,37-44

    Don Primo Mazzolari écrivait que « la vie de chaque personne est une attente. Le présent ne suffit à personne. Dans un premier moment, quelque chose paraît manquer : plus tard, on s’aperçoit que Quelqu’un manque. Et nous l’attendons ». Ces paroles nous offrent le sens profond du temps de l’Avent parce qu’elles nous aident à reconnaître ce qui nous manque encore : Jésus Christ, plénitude de l’homme et révélation de Dieu. Nous savons que la voix de l’Avent, c’est la prophétie; l’amour est la figure de cette voix, visible en Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu; son lieu, c’est l’histoire. Oui, notre histoire troublée et tourmentée, mais pas perdue. En effet, même dans le tourment, notre attente est soutenue par l’espérance qui sauve de l’agressivité (haine envers la vie), de la destruction de soi (haine envers soi-même) et de la dureté du cœur (haine envers le prochain). Mais le prophète Isaïe renverse les sujets de l’attente ; oui, il y a l’homme qui attend Dieu mais il y a aussi Dieu qui attend l’homme : « Le Seigneur attend avec confiance pour vous faire grâce » (Is 30,18). Il y en a UN qui attend le premier ; il y a une attente qui revient à Dieu, le Seigneur. Mais alors, où l’attente rencontre-t-elle l’avent ? En Jésus. Oui, parce qu’en Lui, les deux mondes – comme l’écrivit Kierkegaard - « séparés depuis toujours, le divin et l’humain, sont entrés en collision… une collision, cependant, qui n’a pas causé une explosion mais une étreinte ». En ce nouvel Avent, nous regarderons donc Jésus, et nous écouterons sa parole, lampe pour nos pas et lumière sur notre route.

    « Veillez donc » (Mt 24,42)

    Le récit évangélique d’aujourd’hui (cf. Mt 24,37-44) fait partie du cinquième et dernier discours du Maître. Le thème traité est eschatologique, mais Jésus – et sur cela, il faut être clair – ne nous décrit pas le futur; il nous oriente vers le futur en nous invitant à la vigilance dans le présent. Lorsque les disciples lui demandent quand Jérusalem va être détruite et quels seront les signes qui annonceront la venue du Fils de l’homme et la fin du monde, Jésus répond d’abord en parlant des signes de sa venue (cf. Mt 24,4-35), puis, il s’arrête sur le quand, en affirmant catégoriquement que personne n’en connaît ni la date ni l’heure. D’où l’invitation à la vigilance, comme nous l’avons rappelé (cf. Mt 24,36-44). Puis, il y a trois paraboles qui développent et expliquent le sens de la vigilance chrétienne (cf. Mt 24,45-25,30). Et concernant le jugement, Jésus rappelle qu’il advient dans l’aujourd’hui, dans la rencontre du prochain qui est dans le besoin (cf. Mt 25,34-46). Entrons maintenant dans le passage que la liturgie propose. Jésus conduit ses interlocuteurs sur le récit du déluge universel qui a eu comme protagoniste Noé et une génération pervertie. Attention, cependant : Jésus ne souligne pas tant la méchanceté de cette génération que le fait qu’elle vivait « sans se douter de rien » (B. Maggioni), ou bien qu’elle ne se préoccupait nullement de Dieu ; qu’elle n’avait aucune tension transcendante; qu’elle était complètement plongée dans ses occupations et préoccupations quotidiennes. C’était une génération ignorante et insouciante du jugement de Dieu désormais imminent. En empruntant au Deutéronome, nous pourrions définir la génération de Noé comme étant folle et ignorante (cf. Dt 32,6). En un mot, elle n’avait pas une juste perception de la réalité mais une profonde ignorance et indifférente par rapport à l’essentiel. Si la menace d’une destruction poussait Noé à se placer avec vérité devant Dieu et à le reconnaître comme le Seigneur de la création et de l’histoire, pour ses contemporains, aucune demande ne mettait en crise leur orientation de vie totalement centrée sur eux-mêmes. Il faut ajouter que l’histoire de Noé est, oui, le récit d’un déluge mais, en même temps, elle raconte en particulier la régénération du monde et de l’histoire. L’humanité connaît un nouveau début en Noé grâce à la fidélité de Dieu. De plus, Jésus affirme que Dieu survient dans la vie de l’homme, même quand ce dernier est en plein activité (le champ et la meule), et il le fait à travers la mort. Personne ne peut s’y soustraire. Avec cela, il n’a pas l’intention d’épouvanter personne ; il invite ceux qui l’écoutent à vivre dans la lumière de l’accomplissement. Et voilà l’exhortation finale : « Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra » (Mt 24,42). À la fin, avec la petite parabole du voleur, il insiste sur l’urgence de la vigilance parce que la venue du Seigneur est imprévue.

    « À la fin des temps » (Is 2,2)

    Nous avons dit que l’histoire, même avec ses tourments, est le lieu de l’espérance de Dieu et de l’homme. Dans l’histoire, comme l’affirme l’oracle d’Isaïe (cf. Is 2,1-5), Dieu a introduit une énergie qui transfigure les impulsions de mort en sources de vie. Non seulement. Le monde a un point stable vers lequel regarder : Sion, où Dieu a posé sa demeure. Toutes les nations sont en marche vers Jérusalem et son Temple. Mais que cherchent-t-elles? Le contact vital avec l’action salvifique de Dieu (« qu’il nous enseigne ses voies »), et la lumière de sa parole (« la loi sortira de Sion »). Les voies de Dieu et la lumière de sa parole sont les conditions à travers lesquelles le Messie rétablira la justice et la paix parmi tous les peuples. Cette prophétie trouve son accomplissement en Jésus, l’Attendu d’Israël et sa consolation. Il est la Parole de Dieu, venue « éclairer tout homme » (cf. Jn 1,9), la voie, la vérité et la vie (cf. Jn 14,6). Une dernière remarque; la prophétie d’Isaïe se termine en invitant la maison de Jacob à marcher dans la lumière du Seigneur (cf. Is 2,5). L‘expression « maison de Jacob » signifie très probablement le royaume du nord, la Samarie. L’invitation s’adresse donc aux frères séparés de Samarie. Pour eux, retourner à Sion signifie retrouver l’unité avec le peuple saint. Mais en allant au-delà des confins géographiques et temporels, cette invitation au retour est adressée à ceux qui, aujourd’hui encore, se sentent “séparés” et “loin” de Dieu.

    « Conscients du moment » (Rm 13,11)

    Le passage paulinien de la deuxième lecture est à situer à l’intérieur de l’exhortation de l’Apôtre concernant la charité chrétienne vue comme accomplissement de toute la Loi (cf. Rm 13,8-10). L’amour réciproque est une dette que les frères ont les uns envers les autres. Cela signifie qu’aimer le prochain est quelque chose de dû. Saint Paul n’explique pas la raison mais elle est sous-entendue : celui qui a reçu du Christ un amour gratuit est appelé à aimer ses frères avec la même mesure. N’oublions pas que, pour Jésus, chaque homme est prochain, par conséquent, l’amour a un caractère universel. Voilà pourquoi Paul termine avec une pressante exhortation à sortir, d’abord du sommeil, de la torpeur spirituelle pour se revêtir du Christ et de ses sentiments. Il n’y a pas de temps à perdre, et cela, non pas tant parce que le temps, qu’il soit peu ou court, mais parce que chaque instant est important, chaque moment est le temps des décisions aux conséquences incalculables.

    De l’écoute à la vie

    Dieu est Celui qui VIENT (cf. Ap 1,18). Celui qui s’est inséré dans la temporalité de l’homme. Avec Sa venue historique dans l’événement de Jésus de Nazareth, le kronos (temps de mesure) s’est changé en kairos (temps qualitatif, salvifique). Le temps s’est fait temple de la Présence où la fragilité du présent est soutenue par Sa fidélité éternelle. Il vient continuellement dans le monde et dans ce précieux fragment qu’est l’existence de chaque homme. Il vient jusqu’au jour de Son avènement ultime quand il sera tout en tous (cf. 1 Co 15,28). Si Dieu vient, l’homme attend en veillant. – veillez – est l’impératif qui traverse la communauté chrétienne (cf. Mt 25,13). Une vigilance qui naît de la conscience de l’heure présente, comme l’évangile d’aujourd’hui et la lettre paulinienne nous le rappellent; une vigilance consciente de la patrie future (cf. Ps 121) et qui anticipe, dans l’espérance, la paix et la réconciliation universelle de la Jérusalem céleste (cf. première lecture).

    Alexandre C. osb


    Psaumes 121 : 1 par jesusauveur 

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