La vie nouvelle
le 27 avril 2014
- 2e Dimanche de Pâques

Lectures bibliques

Ac 2,42-47
Psaume 117

Éternel est son amour !


1 P 1,3-9
Jn 20,19-31


 

 

La cabane du Bon Dieu

 

La Fraternité de Tibériade est née, il y a 30 ans, dans un bois, en Belgique wallonne. C'est la seule communauté nouvelle catholique née dans ce pays où la foi chrétienne est en déclin, comme dans toute l'Europe. Au fil des ans, un véritable petit village monastique a poussé dans ces bois, où le fondateur, enfant, venait construire des cabanes. Une quarantaine de jeunes frères et soeurs y partagent aujourd'hui une vie simple et profonde, rythmée par la prière, l'étude et le travail manuel, au plus proche de la nature et des animaux, dans l'Esprit de Saint François. Le film suit quelques-uns de ces moines et moniales dans leur vie quotidienne : travail de la terre, du pain, soin des animaux, prière, missions dans un lycée, évangélisation en auto-stop, temps de solitude dans les bois, marche avec 700 enfants... Portrait de cette fraternité pas comme les autres, oasis spirituelle incontournable pour des milliers de jeunes et de familles en Belgique. Un film réalisé par François Lespés.

 

Le Christ ressuscité et l’Église sont les protagonistes des dimanches qui vont de Pâques à la Pentecôte. Deux demandes traversent la parole de Dieu qui nous sera donnée et proposée de semaine en semaine : quel est le sens de la résurrection? Et quelles sont les attitudes qui jaillissent de la rencontre du Ressuscité? Nous ouvrirons substantiellement trois livres : les Actes des Apôtres qui racontent la vie de l’Église naissante; la première Lettre de Pierre qui est très probablement une catéchèse baptismale; l’Évangile de Jean où nous trouverons des pages de haut profil christologique et ecclésial. Le troisième dimanche, au contraire, nous aurons le fameux Évangile des disciples d’Emmaüs. À cause de la richesse de leur contenu, nous nous arrêterons sur les péricopes évangéliques, laissant à nos lecteurs l’approfondissement des autres lectures.

Thomas, l’apôtre “notre jumeau”

L’apôtre Thomas est une figure importante sur le chemin de la foi pascale. Il représente le passage que chaque disciple du Christ doit accomplir, du voir au croire, moyennant l’accueil du kérygme. C’est pour cela aussi que Thomas est notre jumeau. En effet, Didyme signifie «jumeau». Comme lui, nous n’étions pas de ceux qui ont vu Jésus ressuscité, et pourtant nous avons été appelés à la foi grâce à leur témoignage.

L’initiative du Ressuscité

Quand Jésus se présente devant les siens, Thomas n’est pas avec eux. Jésus avait annoncé qu’avec sa Passion, les disciples se seraient dispersés. Le fait que ce soit Jésus qui se manifeste signifie que la foi en sa résurrection n’est pas le fruit d’une élaboration des disciples, une de leur auto suggestion peut-être. C’est la présence du Seigneur qui suscite la foi pascale en eux. Précisément parce que Jésus «vient» (Jn 20,19.26b), les disciples peuvent affirmer : « Nous avons vu le Seigneur ! » (Jn 20,25). En d’autres mots : Jésus ne vit pas grâce aux siens, il ne vit pas grâce à l’Église. Ce sont les siens qui vivent grâce à Lui, c’est l’Église qui vit de Lui et par Lui.

Le témoignage de la communauté apostolique

Grâce à l’initiative du Seigneur, la communauté peut témoigner de l’incroyable événement de sa Pâque. Jean souligne que la communauté apostolique annonce avec insistance la résurrection de Jésus à Thomas. Qu’est-ce que cela signifie? Que ce n’est certes pas l’individu qui se donne la foi. C’est la communauté. Nous sommes donc engendrés à la foi. Si cela est vrai, et c’est vrai, le lien avec ceux qui nous ont précédés est fondamental pour croire. Cependant, chacun de nous doit ensuite personnaliser et intérioriser le donné de la foi. Nous le répétons : la médiation communautaire est nécessaire. Nous comprenons alors l’absurdité d’une affirmation telle que : « Le Christ, oui; l’Église, non ».

L’amour qui éclaire

Mais, au début, Thomas n’accepte pas cette médiation; il veut une preuve individuelle. Voilà alors qu’après huit jours, Jésus se présente de nouveau et s’adressant directement à lui, l’invite à toucher son côté. Qu’est-ce que ça signifie? Jésus veut que le disciple incrédule expérimente son amour; un amour qui n’a jamais faibli et qui demeure éternellement. Ce qui éclaire le disciple, c’est donc l’expérience d’un amour fidèle. L’issue de cette rencontre constitue la plus grande confession de foi du quatrième Évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Jésus insiste à son tour en proclamant bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu. Mais comment ce qui est négatif (ne pas voir) peut-il constituer la source de béatitude? Pour Jésus, il n’est pas important de voir, il faut croire. Pourquoi? Parce que c’est la foi qui permet la vision. La foi prépare la vision; c’est l’acte avec lequel nous voulons accueillir le Seigneur même avant de le connaître pleinement. C’est la condition pour que Jésus ressuscité devienne une présence vive et vivifiante.

De la peur à la joie

Comment reconnaître que nous sommes greffés sur la nouveauté pascale? C’est simple si nous faisons l’expérience que nous sommes passés de la peur à la joie. L’évangéliste nous a d’abord présenté les disciples enfermés dans le cénacle, par crainte des Juifs; ensuite, après la rencontre avec Jésus, il dit qu’ils sont remplis de joie. Le quatrième Évangile parle souvent de la peur. Il y a la peur de la foule qui n’ose pas parler de Jésus en public (Jn 7,13); nous avons ensuite la peur des parents de l’aveugle-né (Jn 9,22); puis, la peur des notables, qui craignant d’être expulsés de la synagogue, n’osent pas adhérer à Jésus et à ses paroles (Jn 12,42). La ténèbre mise sur la peur pour empêcher la lumière de se diffuser. Mais la foi dans le Seigneur doit conduire au dépassement de la peur pour pouvoir s’ouvrir à la joie, à la paix, à la bonne nouvelle de la résurrection du Christ. En écrivant aux Romains, Paul dit que les croyants n’ont pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la peur, mais l’Esprit Saint qui crie en eux : Abba, Père ! (Rm 8,15). L’Esprit a été versé abondamment en nos cœurs (Rm 5,5) dans la mort de Jésus (Jn 19,30). C’est l’Esprit qui donne la force dans l’épreuve (première lecture); c’est toujours l’Esprit qui libère de tout égoïsme pour créer en nous et entre nous la communions des fils de Dieu.

Alexandre C. osb


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