LITURGIE du DIMANCHE
commentaire sur la Parole

«Consolez mon peuple»
2e dimanche de l’Avent B
7 décembre 2014

Lectures bibliques

Is 40,1-5.9-11
Psaume 84

Fais-nous voir, Seigneur ton amour
et donne-nous ton salut!


2 P 3,8-14
Mc 1,1-8

 

 

 

Accueillons sa bienveillance,
Préparez les chemins du Seigneur

En ce temps d'Avent 2014
Proposition pour un cheminement...

"...Puisque nous recevons toujours “grâce sur grâce”,
l’ouverture de l’Année de la Vie Consacrée coïncide
avec le premier dimanche de l’Avent
de la nouvelle Année liturgique,
cycle B, qui sera guidée par l’Évangile selon saint Marc.
L’Avent est un temps d’attente vigilante, dans la joie.
L’Apôtre Paul dit en effet : « Il ne vous manque aucun don,
à vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ »
(1 Co 1,7). Comme engagement concret de l’Avent,
je suggère de raviver la vertu théologale de l’espérance
dans les pensées et dans les paroles. Pour guérir les blessures et les dépressions qui peuvent limiter l’élan intérieur et les motivations
apostoliques, il importe d’alimenter l’espérance avec la foi en Dieu
qui a soin de nous et qui nous aime sans réserve. Faisons le don de l’espérance à ceux que nous rencontrons chaque jour."


S. Regina Cesarato ddm
sup. gén des Soeurs Disciples du Divin Maître et
(Présidente de l'union des supérieurs majeure d'Italie) 

 

 

En ce 2e dimanche aussi, la liturgie sollicite notre vigilance. Le motif est clair : l’avènement du Seigneur est source de consolation et de pardon (cf. lecture 1). De plus, lorsqu’il apparaîtra, il inaugurera des cieux nouveaux et une terre nouvelle (cf. lecture 2), immergeant toute l’humanité dans l’eau de l’Esprit Saint (cf. Évangile). Cependant, il faut «préparer le chemin au Seigneur», c’est-à-dire reconnaître et accueillir sa venue, sans résistance ou impatiences inutiles. En effet, Pierre nous rappelle que si Dieu tarde à accomplir la promesse, c’est parce qu’il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre; mais que tous puissent se repentir et se convertir. Voilà la bonne nouvelle de l’Évangile!

Celui qui vient avec puissance

La première lecture est l’incipit du livre du Deutéro-Isaïe (40-55). Nous sommes entre 553 a. C., année où Cyrus, roi de Perse accomplit ses campagnes victorieuses, et 539 a. C., date de la capitulation de Babylone. Israël est en exil. Qu’est-ce à dire? Qu’on ne peut certainement pas rencontrer Dieu dans le Temple, mais seulement dans sa parole. Une parole créatrice (cf. Is 40), qui interprète l’histoire (cf. Is 48), qui interpelle (cf. Is 44,22), qui transforme (cf. Is 40,7-8) et qui agit efficacement (cf. Is 55,11). Malgré cela, ces nouveaux problèmes inquiètent le peuple. Israël se demande si ces oracles ne sont que de beaux rêves. Le prophète répond que le salut n’est ni automatique ni magique. Dieu vient mais il faut aussi abandonner nos fausses routes pour Le chercher de tout cœur (cf. Is 55, 6s).

De plus, la parole de Dieu ne donne pas d’illusion; elle ne déçoit pas mais elle console et elle est adressée au cœur de Jérusalem. Dieu veut ainsi reconquérir la confiance du peuple en vue d’une alliance renouvelée. L’exil a été la punition pour la faute, maintenant, c’est le temps de retourner à Celui qui vient. La Parole ouvre un chemin nouveau. Mais comment l’entreprendre? En disposant son cœur (cf. Dt 40,1-2) et en aplanissant la route, comme nous l’avons dit (cf. Dt 40,3-4). Mais dans cette entreprise difficile, même le prophète semble manquer de confiance. En effet, il se demande ce qu’il devra dire/crier (cf. Dt 40,6b). Oui, même celui qui parle au nom de Dieu fait l’expérience de la fragilité de la fleur des champs. L’homme est une réalité fragile, instable, inconsistante et éphémère. Même sa gloire est éphémère et sa beauté, passagère.

Mais la stabilité de la parole de Dieu qui «dure toujours» (Dt 40,8b) s’oppose à la fragilité. Le verbe «durer» indique du mouvement, comme quiconque se prépare à faire quelque chose ou à se lever et se tenir debout. Appliqué à la parole de Dieu, ce verbe signifie qu’elle est toujours en action, jamais bloquée ou inerte. Elle est toujours “debout”, jamais pliée par les situations humaines. Tout cela est tellement vrai que le prophète lève les yeux et voit à l’horizon le Seigneur qui, tel un tendre berger, conduit doucement les brebis et port les agneaux sur son cœur. À cette vue, le cœur est vraiment réconforté et reprend vigueur pour entreprendre l’exode vers la liberté, vers le retour dans la terre sainte.

Celui qui vient comme un voleur

La deuxième lecture est tirée de la seconde lettre de Pierre. Pierre rappelle surtout la vocation de ses destinataires à la nature divine (cf. 2 P 1,3-21), ensuite il dénonce le mensonge et la débauche de quelques soi-disant maîtres (cf. 2 P 2,1-22), et à la fin, il interprète le temps divin comme un temps de patience salvifique (cf. 2 P 3,1-16). Même dans la communauté à laquelle il s’adresse, il y a un scepticisme (comme pour les déportés d’Isaïe) à cause de quelques railleurs qui nient les derniers jours simplement du fait que rien n’a changé (cf. 2 P 3,3-4). Oui, il y a un retard dans l’accomplissement des promesses mais le problème n’est pas là. Il faut savoir interpréter l’invitation de Pierre En premier lieu, le temps de Dieu n’est pas le temps de l’homme.

Le temps divin est un temps de désir : que chaque homme se convertisse et qu’aucun ne se perde. Par conséquent, le retard n’est pas en Dieu (Dieu ne trompe pas); il offre, dans le présent, la patience d’un amour fidèle. Certes, la sainteté de la vie peut hâter sa venue en inaugurant des cieux nouveaux et une terre nouvelle où habite la justice. Il faut donc savoir attendre dans la vigilante parce que le jour du Seigneur vient et il vient sans s’annoncer, «comme un voleur». Pierre décrit cet avènement en termes apocalyptiques. Ce type de langage est le langage de la crise, le langage qui essaie de dire ce qui dépasse l’homme : la fin de tout ou – dans la lumière de l’espérance chrétienne – l’accomplissement de toute chose en Dieu.

Celui qui vient “de loin”

Si Jean situe le début de son Évangile «au commencement» (cf. Jn 1,1), Matthieu (1-2) et Luc (1-2) choisissent la naissance et l’enfance de Jésus. Marc, au contraire, part de la prédication de Jésus, en l’enracinant cependant dans une Écriture plus ancienne et dans la voix de Dieu (baptême) qui vient du ciel. Le fait qu’un Évangile puisse commencer avec une citation scripturaire peut surprendre, peut-être; en réalité, ce fait – unique dans toute la Bible – manifeste une heureuse intuition : l’Évangile a son commencement en Dieu, dans sa parole. De plus, l’Évangile, la bonne nouvelle, c’est Jésus lui-même. Alors, qu’elle est la mission de Jean Baptiste? Selon le récit proposé ce dimanche-ci, Marc présente Jean Baptiste et le décrit en le comparant à Jésus.

Trois aspects émergent. En premier, la supériorité de Jésus sur le Baptiste qui affirme que Jésus est «plus fort», affirmation à caractère juridique, comme pour dire : «Jésus a plus de droit que moi». Droit sur quoi? Jean reconnaît qu’il n’est pas digne de défaire la courroie des sandales de Jésus. Ici, nous avons une allusion à la loi du lévirat. Jésus est l’Époux légitime, venu racheter l’Épouse, la communauté d’Israël et toutes les nations (deuxième aspect). De plus, Jésus vient avec un baptême dans l’Esprit (troisième aspect). Les deux baptêmes (eau et Esprit) sont importants; celui du Baptiste met en évidence la mort à un passé vécu dans le péché; au contraire, celui de Jésus donne la plénitude de vie nouvelle en Dieu.

Jésus Christ, le Rejeton

Un des titres avec lequel le Messie est salué dans l’A. T. c’est «Rejeton». Dans Jérémie (33,15), le Rejeton est promis par Dieu à David, le Roi de Jérusalem; le prophète affirme que le Rejeton exercera le droit et la justice sur toute la terre. En Zacharie, au contraire, le Rejeton est présenté comme Serviteur, tandis qu’au chapitre 6,12, il l’est comme Homme. En Isaïe 4, 2, on parle du Rejeton du Seigneur (de Dieu) tandis qu’en Jérémie 23,3-6, le Rejeton règnera comme Chef sur Juda et Jérusalem, donc sur tout le peuple de Dieu. Le Rejeton est donc Roi, Serviteur, Homme, Dieu et Chef. Si nous ouvrons les Évangiles (avec les Actes des Apôtres ), nous pouvons remarquer combien les cinq titres attribués au Rejeton sont les mêmes que ceux que les Évangélistes attribuent à Jésus.

Matthieu parle de Jésus comme Roi (cf. Mt 2,2); Marc, au contraire, nous le présente comme Serviteur (cf. Mc 1,1), Luc comme Homme/Adam (cf. Lc 3,38) et Jean, comme Dieu (cf. Jn 13,19). Dans les Actes, Jésus est reconnu comme Chef de l’Église (cf. Ac 5,31). Qui est Jésus? L’accomplissement des promesses de Dieu. Matthieu nous le confirme lorsqu’en décrivant le retour de la sainte Famille à Nazareth, il note : «Et il alla habiter (Joseph) dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par les prophètes : il sera appelé Nazaréen» (Mt 2,23).«Nazaréen» revient 13 fois dans le N. T. et il a une affinité phonétique avec nezer qui signifie aussi «Rejeton». Nezer, que nous trouvons seulement dans Is 11,1 a la même signification que rejeton. Jésus est le Messie promis, attendu et espéré.

Alexandre C. osb

Consolez mon peuple....

 

 

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