Carême 2014

Message du pape François

" Mets le Christ » dans ta vie, mets en lui ta confiance et tu ne seras jamais déçu ! Voyez chers amis, la foi accomplit dans notre vie une révolution que nous pourrions appeler copernicienne, parce qu’elle nous enlève du centre et le rend à Dieu. La foi nous immerge dans son amour qui nous donne sécurité, force, espérance. En apparence rien ne change, mais au plus profond de nous-mêmes tout change. Lorsque Dieu est là, dans notre cœur demeurent la paix, la douceur, la tendresse, le courage, la sérénité et la joie, qui sont les fruits du Saint-Esprit (cf. Ga 5, 22), et notre existence se transforme, notre façon de penser et d’agir se renouvelle, elle devient la façon de penser et d’agir de Jésus, de Dieu. "

La foi qui transfigure
16 mars 2014 - 2e Dimanche de Carême

Lectures bibliques

Gn 12,1-4a
Psaume 32

Seigneur, ton amour soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !


2 Tm 8,8b-10
Mt 17,1-9

Brille Ô Jésus
par ta clarté.

 

 

 

 

 

 

 

    La foi soutient la route du salut. Il en fut ainsi pour Abraham quand Dieu l’a appelé à sortir d’Ur des Chaldéens (cf. 1e lecture), et pour Jésus, en marche vers Jérusalem avec les disciples (cf. Évangile). Comme nous le savons, en arrière-plan, il y a la croix qui cause chez les disciples (d’hier et d’aujourd’hui) la peur et la crainte. Il faut justement le regard de foi pour découvrir la lumière de la résurrection derrière l’obscurité de la croix. C’est la signification de la transfiguration de Jésus sur la montagne. Paul dira : « Il (Jésus Christ) a détruit la mort et fait briller la vie et l’immortalité par l’Évangile » (2 Tm 1,10b).

    « Alors, Abraham partit » (Gn 12,4)

    La première lecture raconte l’appel d’Abraham. C’est un texte court, profond et mystérieux. À la fin, le rédacteur affirme qu’Abraham partit sur la parole que Dieu lui avait dite. Mais Abraham n’était-il pas déjà en route? Alors, quel est le sens de cet appel à sortir de sa terre pour le pays de Canaan, la terre promise? L’ordre de Dieu, si péremptoire et radical, se rattache à un projet déjà lancé par Térah, père d’Abraham, quand il décida de quitter Ur. Cependant, Abraham continue cette marche, mais en quittant ce qu’il connaît pour s’en aller vers l’inconnu. En effet, Abraham doit quitter ce qu’il a («ta terre, ta parenté, la maison de ton père») pour aller vers ce qui ne sera pas dans l’ordre de la possession mais du don pur («la terre que je te montrerai»). Si Abraham accepte, il aura une vie qualitativement plus riche, bénie. Cette bénédiction est d’abord dans l’ordre des relations. De fait, après les trois possessifs à la deuxième personne (v. 1), qui isolent Abraham au sein de son groupe familial, nous avons deux pronoms à la première et à la troisième personne : moi-toi (Dieu-Abraham) (v. 1b et 2), moi-toi-eux (Dieu-Abraham-les nations) au verset 3. Abraham accepte et part « comme le Seigneur lui avait ordonné » (Gn 12,4). Remarquons la conjonction “comme”. En hébreu, elle a un double sens : comparatif (Abraham part conformément à ce que Dieu lui a dit) et temporel (Abraham part dès qu’il a entendu la parole de Dieu). Sa foi est ainsi doublement soulignée. Mais, ce n’est pas tout. S’il est vrai qu’Abraham croit en Dieu et part sur sa parole mais, même avant Dieu a manifesté sa foi en Abraham. En effet, Dieu a placé sa confiance dans cet homme, il s’est fié à lui pour que sa bénédiction puisse parvenir à toutes les nations de la terre. Encore une fois, le Dieu de la révélation nous surprend et nous étonne.

    « Il devait aller à Jérusalem » (Mt 16,21)

    Jésus aussi est en marche; il s’en va décidemment vers Jérusalem. Avant la Transfiguration, Matthieu écrit : « À partir de ce moment-là, Jésus commença à expliquer à ses disciples qu’il devait aller à Jérusalem et souffrir beaucoup de la part des anciens…» (Mt 16,21). Nous sommes à un tournant du ministère de Jésus : la mission en Galilée est terminée et, comme nous l’avons dit, il part pour Jérusalem. Remarquons que Matthieu dit « il devait aller ». Qu’est-ce à dire? Il y a une nécessité qui oriente sa vie, un sens qui détermine sa marche : sa mort et sa résurrection. En cela, Jésus se révèle beaucoup : il est le Fils obéissant au Père. Mais gravissons la montagne où le Maître se transfigure devant trois de ses disciples. Dans cette lumière, nous trouvons aussi Moïse et Élie qui conversent avec lui. On ne dit pas de quoi ils parlent, mais un message transparaît très clairement. Moïse représente la Torah. Élie, au contraire, représente la prophétie. La Torah et la prophétie affirment unanimement que Jésus est l’accomplissement des Écritures; en lui, Dieu a maintenu ses promesses. D’autre part, Jésus certifie la vérité de la Torah et des prophètes, la révélation vétérotestamentaire. Les deux Testaments sont donc une unique révélation dont le contenu est Jésus Christ. Ceci souligne un aspect important que nous pouvons résumer comme suit : l’écoute des Écritures ouvre la vision de la gloire. Mais il y a un autre élément : la nuée lumineuse qui les enveloppe tous. Si, au premier Livre des Rois (8,10-12) nous lisons que tous devaient sortir quand la nuée descendait dans le temple, ici, au contraire, la nuée les enveloppe tous de son ombre. Qu’est-ce que cela signifie? Que Jésus est le lieu où nous pouvons rencontrer Dieu sans craindre. Grâce au Christ, chacun de nous peut demeurer en présence de Dieu, et y demeurer comme fils, pas comme serviteur.

    La montagne, les trois tentes que Pierre mentionne et la nuée nous rappellent l’exode d’Israël. L’exode est la clé herméneutique qui ouvre à la compréhension de Jésus, de sa vie, de son ministère et de sa croix. Cette clé donne aussi de la fécondité à la fatigue de notre foi et elle soutient notre combat spirituel jusqu’à la transfiguration totale de notre être. La montagne est donc une étape christologique et de marche à la suite du Christ. Nous sommes confirmés dans l’espérance et dans la charité; nous procédons vers l’accomplissement de notre baptême : la conformation au Christ dans sa mort et sa résurrection.

    « Prends avec moi ta part de souffrance pour l’Évangile »

    Dans le passage extrait de la deuxième lettre à Timothée, l’Apôtre aussi nous parle de marche. Dans ce cas-ci, la marche se présente comme témoignage de l’Évangile dont Paul se sent le messager, l’apôtre et le maître. Mais l’annonce ne suffit pas; il faut qu’elle soit fécondée par la souffrance. Cela peut sembler un paradoxe mais la “bonne nouvelle” retentit à partir de la croix. Qu’est-ce à dire? Cela signifie que servir l’Évangile implique l’entrée dans le mystère pascal. Paul concentre le plan salvifique de Dieu en quelques versets. Il affirme que Dieu, le Père, nous a sauvés, soulignant ainsi la primauté de l’initiative divine. Comment nous-a-t-il sauvés? En nous donnant sa grâce dans le Christ, mort et ressuscité. Jésus Christ, sauveur, est la mise en histoire de la grâce. La grâce accueillie se présente ensuite comme un appel à la sainteté ou comme la participation gratuite au mystère de Sa vie.

    De l’écoute à la vie

    Sur la montagne, l’événement de la Transfiguration résume l’Histoire du salut. De fait, les aspects de la création, de la révélation et de la rédemption de l’histoire de Dieu avec l’homme trouvent leur accomplissement dans l’homme Jésus revêtu de gloire dans sa marche vers la croix. En Jésus resplendissant de lumière, le Royaume de Dieu fait finalement son irruption dans le monde. Mais il y a un autre aspect; à la Transfiguration, Jésus donne de la visibilité à Dieu dans son corps d’homme et Dieu habite le corps de l’homme Jésus (cf. Col 2,9). Qu’est-ce que cela signifie? Que le corps est le chemin de Dieu vers l’homme, et même temps, le chemin de l’homme vers Dieu. En Jésus, Dieu et l’homme se rencontrent. La Transfiguration nous rappelle alors que nous ne devons pas enlever ce qui est humain mais lui redonner de plus en plus sa beauté originelle. Le chemin, c’est la parole du Christ (cf. Mt 17,5), le Fils aimé dont le visage resplendit de la gloire du Père (cf. 2 Co 4,6). La foi en tant qu’adhésion à Dieu jaillit d’une écoute persévérante. C’est à la foi que le chrétien puise la force de suivre Jésus, le Maître, sur le chemin de la croix. C’est en vertu de la foi qu’il est transfiguré à l’image du Seigneur, par l’action de l’Esprit Saint (cf. 2 Co 3,18).

    Alexandre C. osb

     

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