Carême 2014 Message du pape François Voilà le don précieux que l’Esprit Saint met dans nos cœurs : la vie même de Dieu, une vie de véritables fils, une relation d’intimité, de liberté et de confiance dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu, qui a aussi pour effet de nous donner un regard nouveau sur les autres, qu’ils soient proches ou éloignés, que nous voyons toujours comme des frères et sœurs en Jésus, à respecter et à aimer. L’Esprit Saint nous apprend à regarder avec les yeux du Christ, à vivre notre vie comme le Christ a vécue la sienne, à comprendre la vie comme le Christ l’a comprise. Voilà pourquoi l’eau vive qu’est l’Esprit Saint désaltère notre vie, parce qu’il nous dit que nous sommes aimés de Dieu comme des fils, que nous pouvons aimer Dieu comme ses fils et que, avec sa grâce, nous pouvons vivre en fils de Dieu, comme Jésus. Et nous, écoutons-nous l’Esprit Saint ? Que nous dit l’Esprit Saint ? Il dit : Dieu t’aime. Et nous, est-ce que nous aimons Dieu et les autres, comme Jésus? (8 mai 2013) |
L’eau
vive qui désaltère Lectures bibliques |
Celui
qui boit de cette eau
Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, laissons-le parler à notre cœur et nous dire ceci : que Dieu est amour, que Dieu nous attend, que Dieu est le Père, il nous aime comme un véritable Père, il nous aime vraiment et ceci, seul l’Esprit Saint le dit à notre cœur. Soyons attentifs à l’Esprit Saint, écoutons-le et avançons sur ce chemin d’amour, de miséricorde et de pardon |
Aujourd’hui, nous commençons le Carême des catéchumènes. En effet, pendant trois dimanches successifs, nous lirons les trois grandes péricopes de Jean avec lesquelles l’Église primitive préparait les catéchumènes aux Sacrements de la foi chrétienne. En ce troisième dimanche, Jésus se présente comme celui qui donne l’eau vive qui désaltère les soifs de l’humanité; dans le quatrième, au contraire, on proclamera la vraie lumière, celle qui éclaire tout homme, et dans le cinquième, il se révèlera comme la résurrection et la vie. L’eau du rocher Dimanche dernier, nous avons considéré la figure d’Abraham qui, obéissant à la parole de Dieu, s’est acheminé vers la terre promise. L’auteur de la lettre aux Hébreux affirme que c’est « pars la foi qu’il est parti » (He 11,8). Aujourd’hui, la liturgie nous présente Moïse, le grand guide du peuple d’Israël. Moïse aussi a comme but la contrée « où ruissellent le lait et le miel » (Ex 3,8). De la montagne - l’Horeb -, l’eau jaillit en abondance pour Israël. La Tradition rabbinique a affirmé que ce rocher a toujours accompagné Israël d’étape en étape : « La Source qui accompagnait Israël dans le désert ressemblait à un rocher […], elle gravissait la montagne avec eux, elle descendait avec eux dans les vallées; là où elle séjournait, Israël séjournait aussi » (Tosefta 3,11). Dans sa première lettre aux Corinthiens (10,4), Paul, qui connaissait bien cette Tradition, parle d’une boisson spirituelle à laquelle les Pères ont puisé durant leur pérégrination. Cette boisson jaillissait d’un rocher spirituel qui les accompagnait et ce rocher, c’était le Christ. Au puits de Jacob Le récit évangélique d’aujourd’hui nous parle aussi d’eau. Jésus, s’assied au puits de Jacob et il demande à boire à une femme de Samarie. Est-ce seulement un besoin physique dû à la fatigue du voyage ou bien si l’Évangéliste nous suggère une signification plus profonde? • Le nouvel Israël. En narrant cet épisode, Jean se réfère au passage de l’Exode (chap. 17) que nous avons déjà commenté brièvement, où il est dit que dans le désert, Israël demande de l’eau à Dieu. Cela nous oriente à reconnaître le nouvel Israël en Jésus. La demande formulée ici atteindra son sommet sur la croix où il dira : « J’ai soif ! » (Jn 19,28). Toutefois, la lecture théologique n’épuise pas la portée humaine de la demande de Jésus. Il demande la solidarité et il attend un geste qui sache aller au-delà de l’appartenance ethnique religieuse. La demande provoque une double stupeur chez la femme de Samarie; d’abord, parce qu’un homme demande à boire à une femme, inconnue. Au chapitre 4, 27 de Jean, il est dit que même les disciples en sont étonnés. Il faut savoir que, pour la culture de l’époque, une des six choses qu’un sage devait éviter, c’était de parler à des femmes en cours de route. Puis, que ce soit un juif comme Jésus qui parle à une femme, et à une samaritaine (les relations n’étaient pas bonnes entre les Juifs et les Samaritains) ne fait qu’augmenter la surprise et l’émerveillement. •
La Source et l’Envoyé. Mais Jésus répond immédiatement : «si tu
savais le don de Dieu » (Jn 4,10). Nous pouvons aussi traduire :
« Si tu connaissais le Dieu qui donne ». Qu’est-ce que cela signifie?
Que Jésus renvoie à la Source, à Dieu, unique et vraie source qui
désaltère. Si Dieu est la Source, il est l’Envoyé de Dieu. Ensuite,
Jésus fait une autre invitation; il désire que la femme reconnaisse
celui qui est en train de lui parler (v. 10). À ce point-ci, la
Samaritaine (mais chaque lecteur également) doit se demander : «
Qui est cet homme? Est-ce que je reconnais l’Envoyé de Dieu qui
donne l’eau qui désaltère éternellement? » La demande ne reste pas
en suspens. Jésus révèle promptement la Source et l’Envoyé : « Tout
homme qui boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira
de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif; et l’eau
que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la
vie éternelle » (Jn 4,13-14). 1.
l’eau est un don de Jésus («que je lui donnerai»); La femme lui dit : « Seigneur, donne-la moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser » (Jn 4,15). En parlant ainsi la samaritaine révèle qu’elle n’a pas bien interprété les paroles de Jésus. Si le Maître parlait d’une eau qu’il donnerait dans l’avenir; elle, au contraire, comprend qu’il s’agit de l’eau du puits de Jacob. Malgré cela, elle reste ouverte; elle va jusqu’à se demander si Jésus n’est pas justement le Messie (v. 25.29b) et elle dit à ses concitoyens d’aller le voir (v.29a). De l’écoute à la vie Jésus promet une eau qui jaillit pour la vie éternelle (cf. Jn 4,14). Nous avons dit que cette eau, c’est l’Esprit Saint versé abondamment en nos cœurs dans sa Pâques. Il s’ensuit que le chrétien doit prendre davantage conscience de cette présence qui l’habite.
À ce sujet, l’expérience de Etty Hillesum, une juive déportée à
Auschwitz le 7 septembre 1943, me paraît significative. Elle écrit
dans son Journal : « Il y a en moi une source très profonde. Et
Dieu est dans cette source. Je réussis parfois à l’atteindre, mais
souvent, elle est comme couverte de pierres et de sable : alors
Dieu est enseveli. Alors, il faut le déterrer de nouveau ». Mais
comment ramener Dieu “à la lumière”? Comment prendre davantage conscience
de l’habitation de son Esprit en nous, source d’eau vive? Etty nous
aide encore quand elle affirme que, dans la vie, il faut surtout
écouter. Écouter quoi? Les faits, les situations, les événements
qui se présentent jour après jour; écouter les émotions, les sentiments
et les affections qui traversent le cœur; reconnaître ceux qu’Etty
appelle les “signes” divins, jusqu’à pouvoir dire : « Je me retrouve
en une seule parole : Dieu, et cette parole contient tout, et alors,
je n’ai plus besoin de dire autres choses. […] Dans une vie humaine,
de vrais miracles arrivent; la mienne est une chaîne de miracles
intérieurs, et cela fait du bien de pouvoir le dire de nouveau à
quelqu’un ». Et c’est ce que la samaritaine a fait ce jour-là :
« Venez voir un homme – dit-elle à ses concitoyens – qui m’a dit
tout ce que j’ai fait. Serait-il le Christ? » (Jn 4,29).
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