L’AVÈNEMENT
DU ROYAUME DE DIEU

26 janvier 2014 - 3e Dimanche du temps Ordinaire

 

Lectures bibliques
Is 8,23b-9,3
Psaume 26


Le Seigneur est ma lumière et mon salut

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1 Co 1,10-13.17
Mt 4,12-23

    Le Lectionnaire d’aujourd’hui présente les débuts de la prédication de Jésus et l’appel des premiers disciples (Évangile). Éclairée par le Christ, lumière des nations, la communauté chrétienne est invitée à être un témoin crédible de la bonne nouvelle du Royaume. Factions et divisions en son sein rendraient vaine la croix du Christ, unique fondement de salut et d’unité entre tous les baptisés (deuxième lecture). Réduire une communauté chrétienne à un entassement de groupes dominés par différents leaders signifie réduire le Corps du Christ à un corps d’os broyés (T. Merton).

    La lumière du Christ

    Après le baptême au Jourdain et l’expérience dans le désert, Jésus retourne en Galilée où, selon Matthieu, il porte la lumière dans un pays où règne la mort (cf. Mt 4,12-16). Jésus vainc les ténèbres et la mort et il appelle à la conversion. La raison est évidente : le Royaume est proche. Mais qu’est-ce que Jésus veut dire par “Royaume des cieux”? Comme nous le savons, c’est une expression judaïque qui évite, par respect, de prononcer le nom de Dieu. Le Royaume n’est donc pas une réalité abstraite mais Dieu même. De plus, il ne faut pas oublier que le terme “royaume” (basileia) signifie à la fois le pouvoir du roi et le territoire sur lequel il exerce ce pouvoir. De plus, Jésus affirme que ce Royaume “est proche”. Dans quel sens? Nous le comprenons dans la suite du récit, particulièrement lorsque Matthieu écrit que Jésus « parcourait toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple » (Mt 4,23). Les guérisons et l’annonce de l’Évangile sont les signes de l’avènement du Royaume.

    L’exigence de la conversion

    Mais, s’il est vrai que le Royaume est une réalité, il est aussi vrai qu’il ne s’impose pas; le Royaume doit être accueilli. D’où l’invitation de Jésus à la conversion. Que signifie se convertir? En tenant compte du contexte de notre passage, nous pouvons dire que la conversion consiste à se tourner vers la lumière, à ouvrir les yeux sur l’unique “possibilité” d’entrer dans le mystère de Dieu. Cette “possibilité”, comme nous l’avons appelée, c’est Jésus Christ. Voilà pourquoi, après l’annonce du kerigma, Jésus appelle à le suivre. Une suite qui comporte quatre conditions dont il faut tenir compte. En premier lieu, l’initiative vient de Jésus. C’est lui seul qui appelle, le disciple ne se présente pas en candidat. Puis, la suite exige un détachement total de la sécurité affective personnelle (père) et professionnelle (travail). Mais, ce n’est pas encore tout. La suite est une marche derrière Jésus, en s’appropriant ses pensées et ses actions. Cela conduit inévitablement à la mission et au témoignage.

    Une annonce universelle

    Citant Isaïe, Matthieu parle de la « Galilée des païens » comprise dans son sens étymologique de « carrefour des païens ». Qu’est-ce que cela signifie? Pour Matthieu, la Galilée représente le monde païen. Certes, Jésus s’est adressé en premier lieu à la maison d’Israël mais pas exclusivemen; son Évangile est destiné au monde entier. Lorsque l’Évangéliste cite le prophète, il parle de deux villes, Zabulon et Nephtalie, terres de frontière, très mal vues par les docteurs de la Loi. Au temps de Jésus, c’est de ce territoire que provenaient les zélotes. Bien, c’est justement là que surgit une grande lumière qui rassemblera tout le peuple de Dieu. Ainsi, voyons-nous se profiler le mont de la Galilée où toutes les nations seront convoquées (cf. Mt 28,16). Nous nous demandons sur quelles fondations et à travers quelles modalités? Nous le saurons dans les dimanches à venir quand nous lirons le Discours de la montagne.

    De l’écoute à la vie

    La nouveauté du Royaume que Jésus inaugure implique, comme nous avons vu, l’urgence de la conversion et la radicalité de la suite. La conversion n’est pas seulement un changement moral de vie (de mauvais à bons). La conversion évangélique a aussi une acception théologique. Ce que l’homme doit changer, c’est l’image qu’il a de Dieu. Ce qui rend ce changement possible, c’est la suite de Jésus. C’est en restant avec lui que nous connaissons Dieu; c’est seulement en écoutant sa parole que nous acquérons une nouvelle vision du monde. La personne qui suit fidèlement Jésus est introduite par lui dans les mystères du Royaume. Finalement, il ne faut pas oublier que le lien avec le Christ ne sépare pas le disciple des hommes. Au contraire, Jésus leur dit : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19). S’il est vrai que pêcher un poisson signifie le faire mourir, “pêcher” un homme, c’est-à dire le sortir de ce qui le rend prisonnier du mal et du péché, signifie, en un mot, le faire vivre. C’est la mission des disciples : faire vivre l’homme en lui donnant de l’espérance.

    Alexandre C. osb

     

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