La porte des brebis
le 11 mai 2014
- 4e Dimanche de Pâques

Lectures bibliques

Ac 2,14a. 36-42
Psaume 22


Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.


1 P 2,20b-25
Jn 10,1-10

 

 

Soyez des pasteurs
avec l'odeur de vos brebis

Texte du pape Francois - 19 sept 2013


La brebis perdue Luc 15.1-7  

Jeudi 19 septembre 2013 Je vous demande, s’il vous plaît, de rester au milieu de votre peuple. Rester, rester… Évitez le scandale d’être des « évêques d’aéroport » ! Soyez des pasteurs accueillants, en chemin avec votre peuple, avec affection, avec miséricorde, avec douceur et une fermeté paternelle, avec humilité et discrétion, en étant capables de regarder aussi vos limites et d’avoir une bonne dose d’humour. C’est une grâce que nous devons demander, nous les évêques. Nous devons tous demander cette grâce : Seigneur, donne-moi le sens de l’humour. Trouver le moyen de rire de soi, d’abord, et un peu des choses. Et restez avec votre troupeau !

Pape François

Dans la première lecture d’aujourd’hui, Pierre est sur le point de conclure son discours de la Pentecôte. Deux thèmes sont développés. L’un, de nature christologique : le Crucifié est ressuscité; l’autre, de nature plus ecclésiale : la nécessité de la conversion et du baptême au nom de Jésus. Même dans la deuxième lecture, Pierre continue à nous parler du baptême. De plus, il invite ses fidèles éprouvés par les persécutions à tourner leur regard vers le Christ, Serviteur souffrant, Pasteur et Gardien de leur âme. Quant à l’Évangile de Jean, il nous offre deux grandes révélations. Aux versets 1-5, nous avons un contraste entre les mercenaires qui profitent de leur position au détriment du troupeau et l’action du berger authentique qui instaure avec son troupeau un rapport d’intimité profonde en le guidant vers des pâturages de vie. Nous trouvons une deuxième révélation aux versets 7-10 où Jésus affirme qu’il est la porte des brebis. Comme nous le savons, la porte des brebis servait à introduire les troupeaux dans le Temple où ils devaient être sacrifiés. S’il est vrai que le Temple est le lieu de la demeure de Dieu, Jésus se présente comme la vraie porte qui introduit à la communion avec Dieu. Mais pour saisir la portée des paroles de Jésus, il faut comprendre le fond historique et biblique qui est à leur origine.

La désolation et l’espérance du Prophète

Il y a un texte d’Ézéchiel (22,23-28) où le prophète énumère quatre catégories de leaders politico-religieux infidèles à leur mandat. Nous trouvons les rois qui volent les biens du peuple, les prêtres qui violent la loi, les chefs qui, comme des loups, font périr les gens par des gains déshonorants et finalement, les prophètes qui profèrent des prophéties mensongères. Aucun d’eux ne prend soin du peuple du Seigneur qui, tel un troupeau sans berger, est laissé à lui-même. Mais la prophétie est aussi une voix d’espérance qui, au long de l’Histoire du salut, alimente l’attente d’un roi pasteur (berger) qui prendra soin de ses brebis dispersées et blessées. Pour la foi chrétienne, ce roi pasteur, c’est Jésus qui porte à sa plénitude l’attente d’Israël et qui inaugure le Règne de Dieu. Jésus se présente cependant comme un roi pasteur singulier. Il ne domine pas mais il sert; il ne demande pas la vie de son troupeau mais il offre la sienne pour le salut de tous. Avec une tendresse infinie, il porte les agneaux sur son cœur et il guide aussi les brebis mères avec fermeté. Il est le pasteur qui convient, pas un mercenaire.

Celui qui appelle, conduit et précède

Si nous en restons aux premières paroles de Jésus, le berger des brebis a trois fonctions : il appelle les brebis, chacune par son nom; il les fait sortir et il marche à leur tête. Le fait qu’il appelle les brebis, chacune par son nom, signifie que pour le berger – contrairement au mercenaire – le troupeau n’est pas une masse anonyme à dominer peut-être, et à soumettre, mais un groupe de femmes et d’hommes avec un visage précis, un nom particulier, une histoire unique. Il instaure avec chacune et chacun un rapport personnel d’amitié. Il a ensuite la mission de le faire sortir. C’est un verbe qui renvoie à l’exode, lorsque Dieu a fait sortir son peuple de l’esclavage égyptien. Maintenant, Jésus est en train de faire sortir de l’institution religieuse de l’époque, un peuple opprimé sous le poids d’une législation impossible. Finalement, le pasteur précède son troupeau, il lui trace le chemin vers la liberté. Trois réponses du troupeau correspondent aux trois fonctions du berger. Il est appelé à écouter la voix du pasteur, à entrer en communion de vie avec lui et finalement à le suivre fidèlement.

Jésus, la porte

Jésus affirme : « Je suis la porte des brebis » (Jn 10,7). Qu’est-ce que cela signifie? Que Jésus (porte) est l’unique médiation pour arriver à Dieu (Temple). Comme nous l’avons dit, cette médiation est unique. Et Jésus la reprend maintes fois. Pensons, par exemple, au Prologue théologique : « Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » (Jn 1,3); pensons aussi au dialogue entre Jésus et Nicodème où il est rappelé que quiconque croit en celui que Dieu a envoyé a la vie en plénitude (cf. Jn 3,16). Le parallèle le plus fort se trouve cependant en Jean 14,6 où Jésus affirme : « Personne ne va au Père si ce n’est par moi ». Jésus est donc la porte qui nous permet d’accéder à Dieu, non seulement, mais il nous permet aussi d’accéder à nous-mêmes. De fait, c’est en Lui que nous trouvons notre vérité. Et s’il est vrai que la porte permet, et d’entrer et de sortir, nous comprenons que c’est dans le Christ que nous avons également accès à notre prochain. À ce point-ci, il me revient à l’esprit une expression du pape Paul VI qui, s’adressant à Jésus, disait : « Tu nous es vraiment nécessaire ». Oui, Jésus est la porte de l’humain qui nous habite et qui s’entretient avec nous; il est la porte ouverte sur le mystère de Dieu rendu proche de nous. Jésus nous est donc nécessaire et nous ne pouvons pas nous passer de lui.

La plénitude de la vie

Jésus conclut en affirmant que, contrairement au voleur qui détruit et qui tue, il est venu pour donner sa vie et la donner « en abondance ». Nous pouvons dire “dans une mesure supérieure à la mesure ordinaire et juste”. Non seulement, Jésus offre totalement sa vie mais il la donne aussi surabondamment, c’est-à-dire d’une manière pleine, débordante. La raison est évidente : il est la vie (cf. Jn 1,4). Ce n’est pas par hasard que l’épisode de l’aveugle-né (cf. Jn 9) et celui de la résurrection de Lazare (cf. Jn 11) précède le chapitre 10 de Jean qui traite précisément du pasteur qui offre sa vie. Quiconque accueille Jésus passe des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.

Alexandre C. osb


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