La perfection du Père 23 février 2014 - 7e Dimanche du temps Ordinaire
Lectures bibliques |
Aujourd’hui, Jésus nous présente les deux dernières antithèses du Discours de la montagne. Ensuite, il attire l’attention de ses auditeurs sur Dieu, sur la “perfection” du Père. Ce Père des cieux qui fait descendre la pluie et donne la lumière aux bons comme aux injustes. Sa bonté ne sépare donc pas les bons des injustes. Les disciples de l’Évangile sont appelés à cette perfection. «Œil pour oeil» : de la vengeance au pardon La loi du talion ne favorise pas la vengeance; elle veut la mettre en échec. De fait, elle met un frein au débordement auquel tend l’instinct humain : si une personne me casse une dent, d’instinct, je suis porté à lui en casser au moins deux. La loi du talion refuse l’excès. Cependant, Jésus invite à l’accès, mais dans un sens contraire à l’instinct de vengeance. Pour lui, c’est l’amour qui doit excéder; un amour paradoxal qui ne met pas d’obstacle à la malveillance, qui accorde à l’injuste plus que ce qu’il veut, qui se montre disponible au prochain plus que ce qu’il exige, qui ne refuse pas un prêt à quiconque le lui demande. À ceux qui ont choisi de vivre dans l’esprit des Béatitudes, Jésus propose de ne pas rendre le mal pour la mal mais de pardonner sans mesure. "Tu haïras ton ennemi : l’amour qui vainc la haine" La dernière antithèse concerne l’amour des ennemis. Jusqu’à présent, Jésus a explicité les deux fonctions principales de la Loi divine. D’une part, la Loi réprouve le mal extrême (homicide, adultère, faux témoignage), de l’autre, elle établit un mode de vie qui soit réalisable dans un groupe (divorce, serment, rétorsion légale des torts). Mais, comme nous l’avons vu, Jésus est allé au cœur de la Loi en énonçant la source (Dieu) et en l’accomplissant par son autorité divine. Concernant le précepte «tu haïras ton ennemi», il faut se rappeler qu’on ne le trouve pas dans la Torah. Nous pouvons, sans doute, y trouver des équivalents, applicables cependant aux nations (cf. Dt 23,4) mais pas aux ennemis en général. Jésus est clair : devant les ennemis et les persécuteurs, il n’y a que deux attitudes à avoir : l’amour et la prière. La prière est une modalité qui permet d’aimer celui qui est notre ennemi. Dans le cas présent, on le confie à Dieu, à son jugement. L’amour du prochain remplit toutes les antithèses que nous avons vues ces dimanches-ci; l’amour ne fait pas de mal et s’étend à tous. Cet amour nous manifeste comme fils de Dieu et frères entre nous, hommes et femmes, créateurs d’une humanité nouvelle. La perfection du Père À la fin, Jésus invite ses disciples à être parfaits comme le Père des cieux est parfait. Ici, une qualité importante de Dieu est soulignée, celle dont nous avons parlé au début, son intégrité ou perfection. L’homme ne connaît cette perfection que dans l’agir divin (cf. Dt 32,4). Ce n’est pas au hasard que Jésus affirme que Dieu envoie la pluie sur les justes et sur les injustes, qu’il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. Dans son amour, Dieu ne sépare pas, il ne divise pas les hommes en méritants ou non méritants, en fils dévoués ou en fils dégénérés. Cette absence de séparation manifeste sa perfection. Si Jésus invite à être parfaits comme le Père céleste, cela signifie que les disciples doivent aimer, comme leur Père des cieux, aussi bien les bons que les méchants, les justes que les injustes. Si nous voulons, nous avons ici un chemin d’imitation de Dieu, proposé aussi par Paul quand il écrit : « Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime; vivez dans l’amour » (Ep 5,1-2). De l’écoute à la vie
Nous nous sommes demandé plusieurs fois si les propositions de
Jésus n’excèdent pas notre capacité humaine. Il faut d’abord nous
rappeler que le disciple de l’Évangile s’efforce non seulement
de s’identifier au Christ mais qu’il est lui-même assimilé au
Christ grâce à l’action de l’Esprit Saint. Il s’ensuit que le
comportement qu’il assume n’est pas seulement le fruit d’un ensemble
de normes extérieures (même si elles sont très sublimes) mais
une façon d’être qui vient de son intérieur. Il y a aussi une
autre remarque à faire; le changement auquel ce processus de transfiguration
porte n’advient pas au détriment de l’originalité du sujet mais
à travers elle. L’éthique chrétienne ne combat pas la nature du
sujet; elle oriente au bien les énergies positives dont il est
porteur. La page solennelle du Discours de la montagne s’incarne
donc là où s’instaure une synergie entre le chrétien et l’Esprit
Saint.
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