Christ,
Lumière des nations

5 janvier 2014 - Épiphanie du Seigneur

 

Lectures bibliques
Is 60,1-6
Psaume 71


Parmi toutes les nations, Seigneur,
on connaîtra ton salut.


Ep 3,2-3.5-6
Mt 2,1-12


    « Debout, resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ! » (Is 60,1). C’est ainsi que Guido Ceronetti présente le début du chapitre 60 d’Isaïe qui ouvre la liturgie de la Parole aujourd’hui. Israël (l’Église) n’est pas la lumière mais seulement la lampe qui porte la Lumière (Dieu, Jésus Christ). Cette donnée de la foi est reprise également dans la Constitution conciliaire Lumen Gentium où nous lisons : « Le Christ est la Lumière des nations; aussi, en annonçant l’Évangile à toute créature, le saint Concile réuni dans l’Esprit Saint désire-t-il ardemment illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église » (n. 1). Le mystère, c’est-à-dire le plan salvifique de Dieu a été révélé aux apôtres par l’Esprit Saint. Les destinataires, ce sont les juifs et les païens appelés à former l’unique Corps (cf. deuxième lecture). Tel un astre resplendissant, le Christ attire tout à lui (cf. Mt 2,11; Ps 71,10-15) et il renouvelle tout avec la gloire de son immortalité divine (cf. Préface de la solennité). L’Évangile de la solennité trace le chemin de chaque homme vers le salut : de la sagesse humaine (les mages) qui s’interroge et cherche, à travers la révélation cosmique (l’étoile) et biblique (les Écritures), nous arrivons au Christ, le vrai Roi.

    « Où est celui qui est né? »

    Une question meut les mages venus de l’orient : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » (Mt 2,2). La sagesse humaine s’interroge, en même temps qu’elle se met en route vers celui dont elle a l’intuition mais qui n’est pas encore trouvé. Dans sa recherche, la sagesse s’ouvre alors – en premier – à la révélation cosmique (l’étoile); mais non seulement. Les mages se rendent à Jérusalem, le lieu où la révélation est donnée et s’accomplit. Cela nous fait comprendre une chose importante : nous ne pouvons pas nous ouvrir à Dieu, et chercher le salut en Lui en niant l’histoire dans laquelle ce salut s’est manifesté. Jésus est venu dans la chair, il est entré dans l’histoire et dans la promesse faite à un peuple, Israël (cf. Jn 4,22). Ne pas reconnaître cette racine ancienne (Israël) et nouvelle (l’Église) équivaut à perdre la bonne nouvelle de Dieu : Jésus Christ, unique sauveur et rédempteur. À côté de la révélation cosmique, nous avons donc la révélation biblique qui, dans le texte cité (Mi 5,1) n’indique pas seulement le lieu (Bethléem) où naîtra le berger d’Israël mais nous offre aussi les critères qui ont déterminé le choix divin. En effet, le prophète voit Bethléem comme la plus petite des villes de Juda. Qu’est-ce que cela signifie? Que le “plus petit”, c’est ce que Dieu privilégie et choisit. Pour trouver le Seigneur, il faut donc regarder dans la même direction que Lui, assumer ses critères, s’approprier ses choix. Si la sagesse (les mages) nous met en mouvement, la révélation cosmique et biblique (l’étoile et les Écritures) nous indiquent où trouver.

    « En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude »
    Mais, comme nous l’avons dit, la route vers le salut a ses difficultés. Sur la scène, nous trouvons le roi Hérode, un homme qui, tout en maintenant le pouvoir, ne se fait pas de scrupule de tuer les garçons. Un contemporain a écrit qu’il était préférable d’être le porc d’Hérode plutôt que son fils. Ce dernier, en entendant les Mages, utilise leur recherche unie à la science biblique des scribes pour savoir où est ce présumé roi (pour l’éliminer). Mais Dieu confond les mauvais plans car c’est Lui qui dirige providentiellement l’histoire humaine. De fait, après avoir adoré Jésus dans les bras de sa mère, les mages, avertis en songe, retournent dans leurs régions par un autre chemin. « Ils virent l’enfant avec Marie sa mère »

    Matthieu note que, lorsque les mages entrèrent dans la maison, ils « virent l’enfant avec Marie sa mère; et tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui et l’adorèrent » (Mt 2,11). C’est le sommet de leur itinéraire. Matthieu concentre toute la tension narrative sur l’Enfant en qui les mages, avec leur acte d’adoration, reconnaissent le Messie davidique (cf. Mt 1,1), le Fils de Dieu (cf. Mt 1,21), le Sauveur (cf. Mt 1,21) et l’Emmanuel (cf. Mt 1,23). Mais Matthieu ne dissocie pas l’enfant de Marie, sa mère. En effet, c’est elle qui a engendré Jésus, appelé Christ (cf. Mt 1,16). À côté de l’enfant, roi des Juifs, nous trouvons alors Marie, la reine mère (cf. 2 R 5,3). C’est elle qui accueille dans la maison (l’Église) les mages et qui leur présente l’Enfant. À leur tour, les mages offrent à l’Enfant de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Dans la tradition vétérotestamentaire, ces trois dons sont rattachés au culte. L’or et l’encens sont les dons qui, dans les temps messianiques, seront apportés à Jérusalem comme hommage des nations (cf. Is 60,6). Au contraire, la myrrhe pourrait faire allusion au psaume 44,9 qui a une signification messianique. Comme nous le savons, les Pères ont vu dans l’or, la royauté de Jésus, dans l’encens, sa divinité et dans la myrrhe le renvoi à la croix. Mais nous ne devons pas oublier que ces trois dons symboliques représentent aussi notre réalité humaine. L’or représente notre amour, la préciosité de l’amour; l’encens exprime notre désir de nous élever; la myrrhe, les souffrances qui nous traversent. Si nous offrons nos blessures au Christ, il les guérit; si nous lui ouvrons notre désir, il s’accomplit; si nous lui présentons notre amour, il le fait grandir et le perfectionne.

    De l’écoute à la vie

    Que signifie pour nous célébrer chaque année l’Épiphanie de Jésus Christ? En premier lieu, reconnaître et professer sa manifestation dans la chair, comme Paul nous le rappelle : « Assurément, il est grand, le mystère de la vraie piété. Il a été manifesté dans la chair » (1 Tm 3,15-16). Dans une des ses belles homélies, le pape Benoît XVI a rappelé, à propos, combien le mystère de l’Incarnation est un signe éloquent du réalisme de l’amour de Dieu. Certes, Dieu ne se limite pas aux paroles mais « il plonge dans notre histoire et assume la fatigue et le poids de la vie humaine ». Un deuxième aspect : en son Fils, Dieu attire à Lui le monde entier. Les mages, prémices des nations sont conduits à Jésus grâce à l’étoile. Désormais, la foi est l’étoile qui accompagne la marche des nations appelées à former l’humanité rachetée. Saint Césaire écrivait que, à sa naissance, le Christ s’est uni à l’Église par des noces spirituelles. Cela signifie qu’il est l’Époux venu inaugurer l’alliance nouvelle et éternelle. Ce n’est pas par hasard que nous célébrerons la fête du baptême de Jésus dimanche prochain. Il faut savoir que chez les anciens, les noces étaient préparées par un rite de purification de l’épouse. Au Jourdain, Jésus sanctifie les eaux. Par le baptême, le croyant est plongé pleinement dans le mystère pascal du Christ.

    Alexandre C. osb

     

Retour à la page d'accueil