La chair et le sang de Dieu
le 22juin 2014
-Fête du Saint Sacrement

Lectures bibliques

Dt 8,2-3.14b-16a
Psaume 147

Peuple de Dieu, célèbre ton Seigneur!

1 Co 10,16-17
Jn 6,51-58



La Fête-Dieu


"Ce soir, encore une fois, le Seigneur distribue pour nous le pain qui est son Corps, Il se fait don. Et nous aussi, nous faisons l’expérience de la « solidarité de Dieu » avec l’homme, une solidarité qui ne s’épuise jamais, une solidarité qui ne finit pas de nous surprendre : Dieu se fait proche de nous, dans le sacrifice de la Croix, il s’abaisse en entrant dans l’obscurité de la mort pour nous donner sa vie, qui vainc le mal, l’égoïsme, la mort. Ce soir aussi, Jésus se donne à nous dans l’Eucharistie, partage notre même chemin, se fait même nourriture, la vraie nourriture qui soutient notre vie, y compris dans les moments où la route se fait difficile, et où les obstacles ralentissent nos pas. Et dans l’Eucharistie, le Seigneur nous fait parcourir sa voie, celle du service, du partage, du don, et ce peu que nous avons, ce peu que nous sommes, s’il est partagé, devient richesse, car la puissance de Dieu, qui est celle de l’amour, descend dans notre pauvreté pour la transformer.

Demandons-nous alors ce soir, en adorant le Christ réellement présent dans l’Eucharistie : est-ce que je me laisse transformer par Lui ? Est-ce que je laisse le Seigneur qui se donne à moi, me guider pour sortir toujours plus de mon petit enclos et ne pas avoir peur de donner, de partager, de L’aimer et d’aimer les autres ?"

Pape François (Solennité de la Fête Dieu)


Aujourd’hui, nous célébrons la solennité du Corps et du Sang du Christ que l’Église a instituée au 13e siècle. L’Office divin, d’une grande richesse théologique, fut composé par saint Thomas d’Aquin. Le sens de cette solennité est de témoigner à Dieu toute notre reconnaissance pour l’Eucharistie qui résume tout don. La première lecture tirée du Deutéronome rappelle la manne avec laquelle Dieu a nourri son peuple pendant quarante ans dans le désert. Au contraire, l’Apôtre porte l’attention sur l’effet du Pain eucharistique : la communion des convives entre eux et avec le Christ. Enfin, Jean reprend les images anciennes (manne, désert) en les actualisant en Jésus, pain vivant descendu du ciel.

Le pain et la chair

Dans le récit évangélique, nous trouvons 5 fois, le mot pain et 6 fois, le mot chair (cf. Jn 6,51-58). Comme nous le savons, le mot pain définissait la Torah; son observance assurait la vie pour le monde futur. Lorsque Jésus se proclame pain de vie, cela signifie que la révélation s’accomplit en lui. Non seulement, mais il confère déjà au présent la vie du monde futur. Ensuite, Jésus fait un passage audace en identifiant le pain de vie à sa chair. Cette image est tellement forte et scandaleuse que les Juifs ne la comprennent pas, si ce n’est dans un sens purement réaliste. Mais Jésus ne s’arrête pas et il affirme catégoriquement que seul celui qui mange sa chair et boit son sang a la vie éternelle. L’expression chair et sang indique le don de lui-même jusqu’à la mort. La chair devient ainsi nourriture pour l’homme; le sang affirme la radicalité de son offrande. Mais que signifie manger sa chair et boire son sang? Cela signifie accueillir sa vie donnée à travers une mort violente. N’est-ce pas ce que la communauté chrétienne vit et célèbre à chaque Eucharistie?

Demeurer en lui et vivre de lui

Manger sa chair et boire son sang sont aussi la condition pour demeurer en Jésus. Nous connaissons l’importance du verbe «demeurer» dans le quatrième Évangile. Il indique le milieu existentiel où vit une personne (G. Segalla). Jésus vit dans le Père (cf. Jn 14,11). Le disciple est appelé à demeurer en Jésus (cf. Jn 15) pour demeurer dans le Père (cf. Jn 17,21). Demeurer en lui pour vivre de lui. Pour le disciple, Jésus est le but en même temps que la raison d’être de sa vie; il vit grâce à lui et il a comme fin ultime, son rapport avec lui. Ugo Vanni écrit : « Moyennant l’Eucharistie, une union mutuelle et ontologique s’actualise, une sorte de pénétration réciproque entre le fidèle et Jésus. (…) Cependant, dans l’Eucharistie, la partie principale et prééminente n’est pas identifiée dans le contact profond avec Jésus… mais dans l’acte de recevoir, mieux encore, de manger et boire son corps et son sang ».Et cela, comme nous l’avons vu, pour demeurer et vivre de lui et en lui.

La vie sans fin

Jésus promet la vie éternelle à celui qui mange sa chair. Cette vie n’est plus soumise à la mort. Jésus est venu pour communiquer la plénitude de la vie à chaque personne. Adhérer à Lui est la condition pour recevoir et posséder cette vie. Cet accueil s’exprime avec différentes métaphores : écouter la voix du Fils de Dieu (cf. Jn 5,25), s’approcher de Lui (cf. Jn 6,37s); accepter ses exigences (cf. Jn 6,63), manger le pain de la vie (cf. Jn 6,35), manger sa chair et boire son sang (cf. Jn 6,54). La vie que Jésus confère, c’est l’Esprit Saint; de plus, c’est l’Esprit qui fait d’un homme, un fils de Dieu (cf. Jn 1,12). Dans l’Évangile de Jean, nous trouvons deux épisodes significatifs à ce sujet : la guérison du fils du fonctionnaire royal (cf. Jn 4,46b-54) et la résurrection de Lazare (cf. Jn 11). Jésus dira à un père accablé : « Ton fils vit » (Jn 4,50), tandis qu’il dira à Marthe : « Ton frère ressuscitera » (Jn 11,23). Ces deux affirmations sont ensuite résumées en Jn 11, 25 où Jésus proclame qu’il est la résurrection et la vie.

L’image du pain

Jésus s’applique l’image du pain pour suggérer qu’il est la source de la vie de l’homme. Mais que représente cette image? Le pain concerne la bouche de l’homme. Avec la bouche, l’homme accomplit substantiellement trois fonctions : il mange, parle, embrasse, ou bien il se nourrit pour vivre, dialogue pour vivre, aime pour vivre. Le pain que Jésus nous offre rassasie donc ces trois dimensions anthropologiques auxquelles nous ne pouvons renoncer. Mais, ce n’est pas tout. Si nous ouvrons le Psautier, nous trouvons le Psaume 135 qui nous offre une longue litanie à l’amour fidèle de Dieu; amour qui embrasse la création et la rédemption. À la fin, l’orant affirme : « À toute chair, il donne le pain, éternel est son amour! » (v. 25). Le pain devient ainsi la synthèse de l’Histoire du salut, le mémorial de l’amour fidèle de Dieu, de sa miséricorde éternelle. C’est aussi pour cela que lors de son dernier Repas, Jésus prend le pain, le bénit et invite les disciples à le faire en mémoire de Lui.

Alexandre C. osb

Arrête-toi un moment! écoute.....


Retour à la page d'accueil