L’accomplissement parfait
le 1 juin 2014
- ASCENSION de Jésus

Lectures bibliques

Ac 1,1-11
Psaume 46

Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.


Ep 1,17-23
Mt 28,16-20

 

 

 

L'Église témoigne de son Dieu, comment ?

"Avant tout, il est nécessaire d’édifier un climat dans lequel règne « la paix et l’harmonie. “Elle avait un seul cœur et une seule âme”... La paix, une communauté en paix. Cela signifie que dans cette communauté il n’y a pas de place pour les médisances, il n’y a pas de place pour les jalousies, pour les calomnies, pour les diffamations », mais seulement pour la paix. Parce que « le pardon, l’amour, couvrait tout ». Pour qualifier une communauté dans ce sens « nous devons nous demander quelle est l’attitude des chrétiens ? Sont-ils doux, humbles ? Dans cette communauté, y a-t-il entre eux des luttes de pouvoir, des luttes de jalousie ? Y a-t-il des médisances ? Alors ils ne sont pas sur la voie de Jésus Christ ». En effet, la paix dans une communauté est une « particularité très importante. Très importante parce que le diable cherche toujours à nous diviser. C’est le père de la division ; avec la jalousie, il divise. Jésus nous fait voir cette route, celle de la paix entre nous, de l’amour entre nous ".

Pape François

Avec l’Ascension, Jésus achève sa fonction médiatrice. Fils de Dieu, il devait en tous points se faire semblable à ses frères (cf. He 2,17) pour devenir, par sa Pâques, la « voie nouvelle et vivante » d’accès au sanctuaire du ciel (cf. He 10,19-20). Notre humanité est maintenant élevée auprès de Dieu. Encore en pèlerinage dans le temps, l’Église vit donc dans l’espérance de rejoindre dans la gloire, le Christ, son Chef. La première lecture tirée des Actes (1,1-11) nous raconte l’ascension de Jésus. Luc décrit cet événement deux fois : au terme de l’Évangile (cf. Lc 24,50-53) et, comme nous l’avons dit, au début des Actes. Ces deux versions ne sont pas identiques; dans l’Évangile, l’ascension est vue comme une séparation de Jésus des siens tandis que dans les Actes, c’est un point de départ pour les disciples qui sont appelés à être ses témoins dans le temps. Au contraire, le récit paulinien de la deuxième lecture est une fervente prière adressée à Dieu afin que les chrétiens comprennent l’espérance à laquelle ils sont appelés. Enfin, le récit évangélique ne nous parle pas expressément de l’ascension de Jésus (il la suppose). Il parle du rapport du Ressuscité avec son Église.

Le Seigneur et l’Église

Les dernières paroles de Jésus ressuscité sont surprenantes : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). D’une part, Jésus prend congé de ses disciples, de l’autre, il leur assure sa présence jusqu’à la fin du monde. Qu’est-ce que cela signifie? S’il était parmi nous avec une présence visible et délimitée au début, à présent, au contraire, il est toujours avec nous, mais sous forme de sacrement. Mais, ce n’est pas tout; il est parmi nous comme Seigneur de son Église, indissolublement unie à elle. Voyons donc quelques aspects du rapport Christ-Église.

• Une Église toujours convoquée. Matthieu affirme que Jésus convoque ses disciples sur la montagne (cf. Mt 28,16). L’Église est par excellence le peuple convoqué. De fait, nous voyons les disciples quitter Jérusalem pour se rendre dans la Galilée des païens. L’Église est donc convoquée pour être ensuite envoyée à toutes les nations.
• Une Église bien structurée. Nous avons dit que Jésus ressuscité envoie en mission. Ceux qui sont envoyés, ce n’est pas seulement le petit groupe des Apôtres. Le texte de Matthieu nous fait comprendre que ceux qui sont envoyés font partie d’une Église déjà bien structurée du point de vue sacramentel (baptême) et avec une théologie élaborée (baptême au nom de la Trinité). À propos, nous savons qu’au début, on baptisait au nom de Jésus; graduellement, on est arrivé à la formulation trinitaire.
• Une Église formée et formatrice. Le fait que les disciples soient convoqués sur la montagne n’est pas casuel. C’est sur la montagne que Jésus a donné la Loi nouvelle résumée dans les Béatitudes. Jésus est le nouveau Moïse qui donne la révélation ultime au monde; cependant, il parle continuellement à son Église; il la forme intérieurement. À son tour, l’Église a la mission de former et d’enseigner ce que le Christ lui a commandé. La pastorale de l’Église est une pastorale de l’intelligence du mystère du Christ et de son dessein de salut.
• Une Église qui adore et qui doute. La double réaction des disciples devant la manifestation de Jésus est frappante. Il y en a qui se prosterne à ses pieds et qui l’adore (reconnaissant ainsi sa seigneurie divine), il y a d’autres qui doutent. Cela est extrêmement instructif : nous ne sommes pas contraints de croire. C’est un don et pas une imposition.

Le Christ glorifié et l’Église comme Corps

Le texte paulinien de la Lettre aux Éphésiens (1,17-23) est d’une grande profondeur théologique. En continuité avec ce que nous avons dit plus haut, nous voulons souligner l’expression : Église comme Corps du Christ glorifié. L’image du Corps en référence à l’Église est fréquente chez Paul et elle indique le rapport existant entre le Christ (Tête) et l’Église (Corps). Mais que veut dire l’Apôtre en utilisant cette image?

• Corps comme lieu de relation. Dans notre expérience, le corps exprime beaucoup plus que la matérialité de notre être. L’homme est corps en tant qu’il vit et entre en relation. Que l’Église soit un Corps, cela signifie qu’elle est le lieu où le Christ est présent, vivant, et en relation avec tous les humains.
• Tête et Corps, unité et communion. Le Christ et l’Église forment un tout. Cependant, l’Église est subordonnée au Christ et elle lui doit obéissance (cf. Ep 5,22s). Non seulement. Pour l’Église, le Christ est la source et la fin de sa croissance (cf. Ep 4, 15s). Dire que l’Église est Corps signifie reconnaître son unité; une unité qui jaillit de la charité et de l’amour (cf. Ep 4,2-4), qui alimente la koinonia.
• Église, Corps vivant. L’Église manifeste la seigneurie du Christ sur le monde, sa glorification à la droite de Dieu. C’est précisément parce que cette glorification s’est réalisée, pour le Christ, après son offrande sur la croix, que l’Église témoigne de son Dieu et Seigneur moyennant le don d’elle-même aux hommes et aux femmes de tous les temps et tous les lieux. La voie à la gloire, c’est la voie de l’amour. Croire que le Christ est monté au Père signifie reconnaître que seul le don de soi est l’accomplissement parfait de l’existence humaine.

Dans le monde, avec espérance

Au Livre des Actes (1,10), Luc raconte que lorsque Jésus monte vers le Père, les disciples restent à regarder le ciel. C’est pour cela que deux anges leur adressent immédiatement des reproches. Mais, au même moment, ils sont réconfortés par une espérance : « Ce Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Ac 1,11). Avec cette espérance, ils devront rester dans le monde et témoigner de la création nouvelle que le Ressuscité a inaugurée. S’il est vrai que le Christ reviendra, le présent se définit comme un temps d’attente, de tension vers son arrivée. Nous pouvons dire que cette double attitude, c’est la vigilance (cf. Mt 25,1-30), une attente (cf. Rm 8,19). Alors, nous pourrons cueillir le nouveau de Dieu qui est en train de germer dans le cours de l’histoire (cf. Is 43,18-19).

Alexandre C. osb

L'histoire de l'Ascension et de la Pentecôte racontée à des enfants


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