MESSE
DE LA CÈNE DU SEIGNEUR Institut pénal pour mineurs "Casal del Marmo"
à Rome, 28 mars 2013
C’est un exemple
que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait
pour vous » (Jn 13, 12-15).
Laver les pieds c’est : ‘je suis à ton service’. Et nous aussi, parmi
nous, n’est-ce pas que nous devons laver les pieds tous les jours l’un
à l’autre, mais qu’est ce que cela signifie ? Que nous devons nous aider,
l’un l’autre. Parfois je me suis mis en colère avec l’un, avec une autre….
mais… laisse tomber, laisse tomber, et s’il te demande un service, faites-le.
Nous aider l’un l’autre : c’est ce que Jésus nous enseigne et c’est
cela que je fais, et je le fais de tout cœur, parce que c’est mon devoir.
Comme prêtre et comme évêque je dois être à votre service. Mais c’est
un devoir qui me vient du cœur : je l’aime. J’aime cela et j’aime le
faire parce que le Seigneur m’a enseigné ainsi. Mais vous aussi, aidez
vous : aidez-vous toujours. L’un l’autre. Et ainsi en nous aidant nous
nous ferons du bien. Maintenant nous allons faire cette cérémonie du
lavement des pieds et nous pensons, que chacun de nous pense : ‘Est-ce
que vraiment je suis disposée, disposé, à servir, à aider l’autre ?’
Pensons à cela, seulement. Et pensons que ce signe est une caresse de
Jésus, que fait Jésus, parce que Jésus est venu précisément pour cela
: pour servir, pour nous aider. "
Pape
François
Le
testament de Jésus 17
avril 2014 -JEUDI
SAINT
Lectures bibliques
Ex. 12,1-8.11-14;
Psaume 115,12-13.15-18
Ta coupe, Seigneur, est don de salut.
1 Co 11,23-26
Jn 13,1-15
Pange
lingua
«J’ai
ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir!» (Lc22,
15).
Dans le désir de Jésus, nous pouvons reconnaître le désir de Dieu lui-même
– son amour pour les hommes, pour sa création, un amour en attente.
L’amour qui attend le moment de l’union, l’amour qui veut attirer les
hommes à soi, pour ainsi réaliser entièrement le désir de la création
elle-même: en effet, celle-ci est tendue vers la manifestation des fils
de Dieu (cf. Rm 8, 19). Jésus nous désire, il nous attend. Et nous,
le désirons-nous vraiment? Nous sentons-nous poussés intérieurement
à le rencontrer? Désirons-nous ardemment sa proximité, devenir un avec
lui, don qu’il nous fait dans la sainte Eucharistie? Ou bien sommes-nous
indifférents, distraits, remplis d’autres choses? D’après les paraboles
de Jésus sur les banquets, nous savons qu’il connaît la réalité des
places restées vides, la réponse négative, le désintérêt pour lui et
pour sa proximité...." Jeudi saint 2011
pape
Benoît XVI
La
messe de la Cène du Seigneur commémore l’institution de l’Eucharistie
et elle a deux caractéristiques. En premier lieu, elle souligne le commandement
de Jésus de célébrer par un rite pérenne sa Pâque historique de mort
et résurrection comme l’économie juive ancienne commémorait la sortie
d’Égypte (cf. première lecture). En deuxième lieu, ce commandement est
relié à l’autre (mandatum), celui de l’amour qui est évoqué de nouveau
dans le geste du lavement des pieds (cf. Évangile). L’Eucharistie est
donc une institution qui façonne l’Église, Corps du Christ. Cette institution
doit s’exprimer à travers toutes les expressions du service fraternel
: du service ministériel aux nombreuses formes différentes de charité.
«C’est la Pâque du Seigneur!»
La première lecture fait partie d’une section du livre de l’Exode qui
rassemble des textes liturgiques de différentes époques et qui expliquent
comment célébrer le mémorial de la sortie d’Égypte. Nous y trouvons
les rites de la Pâque, la fête des azymes et le rachat des premiers-nés
qui renvoient à ce qui est arrivé ce jour-là. Célébrée au début des
mois, la Pâque comportait un repas communautaire, expression de communion
fraternelle. On mangeait l’agneau qui devait être parfait : mâle (source
de vie), d’un an (prémices). La communauté entière devait l’immoler
au couchant. Ce dernier aspect souligne le caractère sacerdotal de tout
le peuple saint. Ensuite, le sang de l’agneau devait être aspergé sur
les portes des maisons pour que l’ange de la mort ne s’y arrête pas
et ne frappe pas les fils d’Israël. Dans la Pâque antique, nous avons
donc trois moments : l’immolation de l’agneau, le souvenir de la sortie
d’Égypte, la célébration liturgique de cet événement salvifique, selon
le commandement de Dieu même. Quand Jésus accomplit la Pâque antique,
il le fait à partir de cet ultime moment rituel, c’est-à-dire de la
Pâque que le peuple célébrait annuellement. En effet, à la dernière
cène, il résume les rites anciens et il les renouvelle en les projetant
dans la lumière des événements qui atteindront leur sommet dans sa mort
et résurrection.
«Faites cela en mémoire de moi !»
Si la première lecture nous a décrit la Pâque antique, la deuxième,
tirée de la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, présente
l’institution de la Pâque de Jésus Christ dans le mémorial eucharistique.
Ce récit paulinien est le texte le plus ancien concernant l’Eucharistie
(nous sommes vers l’an 57 ap. C.) et il répond, comme nous le savons,
à quelques questions pratiques qui avaient été posées à l’Apôtre. Paul
adresse des reproches aux chrétiens de Corinthe parce que leur assemblée
eucharistique n’est plus un rassemblement dans l’unité; entre eux, il
y a des divisions et des injustices qui contredisent le sacrement de
l’unité. Voilà qu’il répète à tous ce qu’est l’Eucharistie, la cène
du Seigneur. Notons quelques éléments : d’abord l’exorde : « En effet,
moi, je vous ai transmis ce que j’ai reçu du Seigneur » (1 Co 11,23).
Cette formule indique la transmission d’une tradition. Nous avons ici
deux verbes importants : «recevoir» et «consigner». Ce sont des verbes
techniques qui désignent implicitement Paul comme chaînon de la tradition
du Christ dans l’histoire. Ensuite, les paroles de Jésus sont situées
sur l’arrière-plan de sa Passion. Eh bien, c’est cette nuit-là que Jésus
accomplit l’acte suprême de son amour en se livrant. Le sens profond
de sa libre offrande par amour est confié aux paroles par lesquelles
il bénit le pain et la coupe. Il donne sa vie (pain) à travers le sacrifice
(coupe). Mais ce n’est pas tout; il désire que ce geste soit un mémorial,
c’est-à-dire une réactualisation sacramentelle de sa mort et résurrection.
L’Église trouve ainsi dans l’Eucharistie la loi fondamentale de la communion
de laquelle tous doivent s’inspirer, de sorte qu’à travers son témoignage,
le Christ soit rendu présent dans le monde.
«De la mort à la vie»
Le récit johannique (13,1-15) a une grande teneur christologique et
ecclésiale. Jean souligne un aspect important de Jésus : il a conscience
qu’un «passage» va s’actualiser. C’est bien consciemment qu’il assume
et vit les derniers événements de son existence et qu’il le fait en
toute liberté. Ce ne sont donc pas les circonstances qui l’entraînent
vers la mort mais son désir d’accomplir la volonté de Dieu. Arrêtons-nous
un peu sur le verbe passer! L’évangéliste l’a déjà utilisé pour souligner
le passage de la mort à la vie : « En vérité, en vérité, je vous le
dis : celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, a
la vie éternelle; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de
la mort à la vie » (Jn 5,24). La formule : « En vérité, en vérité, je
vous dis » introduit une parole riche en contenu. Nous sommes devant
une révélation de la part de Jésus. Cette révélation ne peut laisser
neutres. Elle devient un impératif pour celui qui écoute; en même temps,
elle contient une promesse : le dépassement de la mort. Celui qui croit
en cette parole de Jésus, et quiconque croit en Celui qui l’a envoyé
est déjà passé de la mort à la vie. À ce sujet, l’amour des frères est
un signe éloquent (cf. 1 Jn 3,14). En parlant de l’amour de Jésus pour
les siens, Jean affirme que le Maître a vaincu la mort dans l’acte même
de son don. L’acte de son amour, plus fort que la mort, se résume ensuite
dans le commandement nouveau (Jn 13,34). Dans cet horizon, le chemin
vers la foi en Jésus ressuscité qui attend les disciples coïncide avec
la reconnaissance de son amour dans le signe eucharistique et sur le
visage des frères.
Le sacrement de la mort rédemptrice
Durant la dernière cène, en donnant son Corps et son Sang, Jésus présente
le drame de sa mort. Cependant, cette mort est inscrite dans la gloire.
En effet, quand Jésus parle du vin nouveau qu’il boira dans le Royaume
(cf. Mc 14,25), il annonce que la glorification messianique est désormais
imminente. La mort célébrée dans le sacrement de l’Eucharistie est donc
celle du Kyrios (cf. 1 Co 11,26) qui est le Seigneur de la gloire. Cette
mort est pour nous source de rédemption et de vie, comme nous le rappelle
aussi la prière sur les offrandes de ce jour : « Chaque fois que nous
célébrons ce sacrifice en mémorial, c’est l’œuvre de notre Rédemption
qui s’accomplit ». Les Pères disaient que nous sommes devant un mystère
terrible; terrible en raison de sa grandeur stupéfiante. Dans l’Eucharistie,
le Christ vient à notre rencontre dans toute sa gloire et, tandis qu’il
détruit le monde du péché, il inaugure le monde nouveau, celui de l’éternité.
C’est aussi pour cela que, après la célébration de la messe de la cène
du Seigneur, la communauté des croyants demeure en adoration silencieuse
du Corps du Christ, solennellement reposé dans le tabernacle. Avec saint
Colomban, disons : « Prêtre éternel du sacrifice pérenne, fais que je
ne regarde, contemple et désire que toi seul; que je n’aime que toi
et que je n’attende que toi, d’un désir plus ardent; que ma lampe brille
et se consume toujours devant toi. Daigne me donner un grand amour,
comme il te convient, puisque Tu es l’Amour. Que ton cœur remplisse
tout notre être pour que nous t’appartenions totalement ! Amen.