De Jésus mort
à Jésus ressuscité

le 20 avril 2014
- Dimanche de Pâques

Lectures bibliques

Ac 10,34a.37-43
Psaume 117,1-2.16-17.22-23

Voici le jour que le Seigneur a fait;
vivons-le dans la joie et dans l’allégresse!


Col 3,1-4 ou 1 Co 5,6-8
Jean 20,1-9

 

 

 

 

"Il est ressuscité !" "La seule réalité qui nous permettra un jour d'éclairer, de relativiser et de dépasser nos problèmes." (Olivier Clément).

 

Évoquer la Résurrection, c'est évoquer l'amour plus fort que la mort. Dans notre monde, la mort triomphe le plus souvent de l'amour. Dans le Christ crucifié, dans le Christ ressuscité, l'amour triomphe toujours de la mort. Même à ceux qui l'ignorent ou en méconnaissent le sens, sa Résurrection offre la victoire de la vie totale et pas seulement celle de la fin de la vie terrestre. L'espace du monde déchu, l'espace qui sépare les uns des autres et même de Dieu, l'espace qui nous emprisonne en notre finitude, devient vie infinie dans un mystère que seule la foi nous permet d'approcher. Elle nous dit que le monde, même déchu, reste la création de Dieu, Dieu de tendresse et de beauté. Par son abaissement volontaire, par son humiliation, par sa mort de maudit, le Christ porte en Lui tout l'enfer de notre conditon déchue. Mais l'angoisse, la haine, la séparation sont retournées en vie de lumière par sa plénitude de Fils de Dieu.

Au cœur de l’annonce chrétienne (première lecture) et du renouvellement de toute l’humanité (deuxième lecture), il y a l’événement de la résurrection du Christ (Évangile). Le récit évangélique du jour ne nous décrit pas la résurrection du Seigneur; il nous donne le témoignage de ses conséquences dans la vie de l’Église.

Le premier dimanche

Le vingtième chapitre de l’Évangile de Jean a un tableau temporel bien précis; deux dimanches y sont mentionnés. Le premier commence à l’aube (Jean 20,1) lorsqu’il fait encore noir. Les protagonistes sont Marie de Magdala, le Disciple aimé et Simon Pierre. Le deuxième (Jean 20,26), au contraire, a comme protagonistes les disciples, Thomas, et Jésus qui leur apparaît. Tout cela n’est pas un hasard. L’évangéliste veut rappeler à ses lecteurs que chaque dimanche est le mémorial de l’événement pascal; la communauté chrétienne peut donc entrer en relation avec le Christ ressuscité. Comme pour dire : si vous voulez comprendre et vivre le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, célébrez-le! Donc, pour la communauté chrétienne, le dimanche, avec l’Eucharistie, devient le point de départ en même temps que le point d’arrivée de la foi pascale. À propos, nous rappelons ici le beau témoignage des anciens martyrs (Tunisie). « Nous, chrétiens, nous ne pouvons pas vivre sans dimanche ». Est-ce vrai pour nous aussi?

La pierre enlevée du tombeau

Lorsque Marie arrive au sépulcre, elle voit que la pierre a été enlevée. Frappée et saisie de peur, elle court en informer les disciples. Ce signe est interprété comme un enlèvement du corps de Jésus. En somme, il y a une absence si totale, un vide si mystérieux qu’il ne reste même pas une trace de son corps. L’évangéliste veut nous faire comprendre que le chemin vers l’expérience vive du Ressuscité part d’ici, d’une incertitude naissant de l’absence de Jésus. Lorsque le Disciple aimé et Simon Pierre arrivent au tombeau, ils voient qu’il est vide et ils remarquent que le linge qui recouvrait le corps de Jésus est déposé par terre. Intéressant! Le linge est resté là, en ordre. Cela provoque une forte impression. De plus, le linge n’est pas avec le linceul mais roulé à part. Ensuite, l’évangéliste se concentre sur la réaction du Disciple aimé qui entre dans le sépulcre après Pierre et qui « vit et crut » (Jn 20,8). Qu’a-t-il vu? Qu’a-t-il cru? Et quel rapport y a-t-il entre voir et croire? Ce sont des questions qui surgissent spontanément à partir de l’affirmation de l’évangéliste. Cherchons quelques explications! En premier lieu, Jean utilise ici le verbe voir qui, dans le quatrième Évangile, fait partie du domaine sémantique de la foi. Ce disciple est donc arrivé à croire que Jésus est ressuscité. Le linge déposé, le linceul plié à part, tout atteste que Jésus n’a pas été enlevé mais qu’il s’en est allé, laissant là ses vêtements mortels. Contrairement à Lazare qui était sorti recouvert des bandelettes mortuaires, Jésus n’a pas besoin de vêtements humains puisqu’il est désormais revêtu de gloire divine.

Le regard de l’amour


Mais, ce n’est pas tout. Nous avons dit que le Disciple aimé voit et croit. Il voit avec le regard du cœur, naturellement, et il reconnaît que son Maître est ressuscité. L’amour engendre la foi et la connaissance. Nous en avons une preuve ultérieure lorsque, sur la mer de Tibériade, il reconnaît le Ressuscité dans le signe de la pêche miraculeuse : « C’est le Seigneur! » (Jn 21,7). La foi est donc amour qui voit et reconnaît; cette foi ira même jusqu’à toucher le Seigneur. C’est le cas de Marie de Magdala et de Thomas. Si l’évangéliste met en évidence le « il vit et il crut » du Disciple aimé, il le fait en vue de ses lecteurs. La majorité d’entre eux n’avait vu ni le Jésus terrestre ni le Ressuscité. À présent, comment pouvaient-ils avoir la certitude qu’il soit ressuscité? L’évangéliste leur répond qu’il n’est pas nécessaire de voir physiquement pour croire puisque le Disciple aimé avait cru sans avoir vu. Si ce disciple a cru à des signes (tombeau vide, linge et linceul) et qu’il est parvenu à la foi, les lecteurs doivent croire à la résurrection en accueillant le témoignage des premiers témoins.


Alexandre C. osb


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